Yémen
Assassinat de trois médecins américains
Une cellule d’activistes islamistes serait à l’origine de deux violentes attaques au cours desquelles ont été tués un important dirigeant politique yéménite et trois médecins américains.
Les Américains ont été une nouvelle fois la cible d’une attaque sanglante au Yémen. Deux ans après l’attentat contre le destroyer USS Cole dans le port d’Aden qui avait entraîné la mort de 17 militaires, trois médecins américains ont été tués lundi et un quatrième grièvement blessé par un homme déclarant faire partie d’une cellule d’activistes islamistes. Abed Abdel Razzak al Kamel, âgé de 32 ans, a pris pour cible un hôpital baptiste situé dans la ville de Jibla, à 170 kilomètres au sud de la capitale yéménite. Il a ouvert le feu sur les dirigeants de l’établissement qui se trouvait alors en réunion, tuant le directeur de l’hôpital, un médecin américain âgé de 60 ans et deux femmes médecins de même nationalité. Un quatrième a été grièvement blessé par balles alors qu’il tentait de s’échapper.
L’assaillant a ensuite été maîtrisé sur place. Il s’agit d’un étudiant de l’université Al-Iman de la province de Damar. Il aurait réussi à déjouer la surveillance des gardes postés à l’entrée de l’établissement médical en cachant son arme, probablement une kalachnikov, dans un bandage. Les motivations qui l’ont poussé à commettre ces assassinats ne sont pas encore très claires. Selon l’administratrice de l’hôpital, Julie Toma, il s’agit d’un acte isolé qui ne serait absolument pas motivé par des raisons politiques ou idéologiques. Elle pense que cette agression est due aux changements importants que cet établissement doit bientôt connaître. Créé en 1967, cet hôpital d’une capacité de 77 lits est en passe d’être transféré à une association de charité yéménite. Et la direction de l’établissement devait justement se réunir ce lundi pour continuer à préparer ce transfert.
Les autorités yéménites chargées d’enquêter sur cette attaque semblent, quant à elles, plutôt s’orienter vers la piste d’un groupuscule terroriste. Abed Abdel Razzak al-Kamel aurait lui-même déclaré faire partie d’une cellule de cinq activistes islamistes chargés d’exécuter cinq opérations. La première en date remonterait à samedi, date à laquelle a été assassiné par balles le numéro deux du Parti socialiste yéménite (PSY), Jarallah Omar. Les autorités yéménites ont précisé qu’Abed Abdel Razzak al-Kamel et Ali Jarallah, l’assassin de Jarallah Omar, avaient tous deux étudié à l’Université Al-Iman, un établissement dirigé par un homme accusé de prêcher l’extrémisme religieux, le cheikh Abdel Majid al-Zindani.
>«Un danger pour l’unité nationale»
Marié et père de cinq enfants, Jarallah Omar était un leader historique de la gauche yéménite. Il avait fondé le Parti de l’union populaire qui a fusionné avec le PSY après la réunification du pays. Il militait en faveur de l’établissement d’un dialogue entre les différentes forces politiques du pays et avait ainsi accepté de participer samedi au congrès du principal parti islamiste du pays, Al-Islah, également dans l’opposition. Il venait de quitter la salle du congrès, et s’apprêtait à donner une interview à la chaîne de télévision Al-Jazira, au moment où Ali Jarallah s’est approché de lui et lui a tiré deux balles dans l’estomac.
D’après les premiers éléments de l’enquête, Ali Jarallah était lui-même membre du parti Al-Islah. L’agence officielle yéménite Saba a rapporté qu’il avait déjà été arrêté par le passé pour «incitation à la violence contre l’Etat» avant d’être libéré sur l’intervention de membres de la direction du parti Al-Islah. Elle a également rappelé que cette formation politique avait tenu à assurer elle-même la sécurité du congrès organisé à Sanaa. Le parti du président yéménite Ali Abdallah Saleh, le Congrès général du peuple (CGP) a qualifié samedi dans un communiqué l’assassinat de Jarallah Omar de «crime atroce» et a déclaré que le terrorisme ne dissuaderait pas le Yémen «de continuer sur la voie de la démocratie».
L’attaque perpétrée contre l’hôpital baptiste de Jibla devrait amener les autorités locales à prendre de nouvelles mesures contre ce fléau qui frappe durement le pays depuis deux ans. L’ambassade des Etats-Unis à Sanaa a d’ores et déjà appelé le gouvernement yéménite «à traduire en justice les responsables de ce crime». Les Etats-Unis attendent du Yémen, un pays avec lequel elles entretiennent une coopération sécuritaire étroite depuis les attentats du 11 septembre 2001, qu’il parvienne à garantir la sécurité des citoyens américains sur son territoire. Centre névralgique du terrorisme anti-américain au Proche-Orient, le Yémen va devoir donc intensifier la lutte qu’il mène depuis des mois. Son parlement devait d’ailleurs se pencher ce lundi sur un rapport soulignant la «nécessité de conjuguer les efforts des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, ainsi que toutes les institutions de la société civile, pour l’examen de ce phénomène qui constitue un danger pour l’unité et la sécurité nationales».
A écouter aussi:
Olivier Da Lage analyse la situation au Yémen (30 déc. 2002, 4'30")
L’assaillant a ensuite été maîtrisé sur place. Il s’agit d’un étudiant de l’université Al-Iman de la province de Damar. Il aurait réussi à déjouer la surveillance des gardes postés à l’entrée de l’établissement médical en cachant son arme, probablement une kalachnikov, dans un bandage. Les motivations qui l’ont poussé à commettre ces assassinats ne sont pas encore très claires. Selon l’administratrice de l’hôpital, Julie Toma, il s’agit d’un acte isolé qui ne serait absolument pas motivé par des raisons politiques ou idéologiques. Elle pense que cette agression est due aux changements importants que cet établissement doit bientôt connaître. Créé en 1967, cet hôpital d’une capacité de 77 lits est en passe d’être transféré à une association de charité yéménite. Et la direction de l’établissement devait justement se réunir ce lundi pour continuer à préparer ce transfert.
Les autorités yéménites chargées d’enquêter sur cette attaque semblent, quant à elles, plutôt s’orienter vers la piste d’un groupuscule terroriste. Abed Abdel Razzak al-Kamel aurait lui-même déclaré faire partie d’une cellule de cinq activistes islamistes chargés d’exécuter cinq opérations. La première en date remonterait à samedi, date à laquelle a été assassiné par balles le numéro deux du Parti socialiste yéménite (PSY), Jarallah Omar. Les autorités yéménites ont précisé qu’Abed Abdel Razzak al-Kamel et Ali Jarallah, l’assassin de Jarallah Omar, avaient tous deux étudié à l’Université Al-Iman, un établissement dirigé par un homme accusé de prêcher l’extrémisme religieux, le cheikh Abdel Majid al-Zindani.
>«Un danger pour l’unité nationale»
Marié et père de cinq enfants, Jarallah Omar était un leader historique de la gauche yéménite. Il avait fondé le Parti de l’union populaire qui a fusionné avec le PSY après la réunification du pays. Il militait en faveur de l’établissement d’un dialogue entre les différentes forces politiques du pays et avait ainsi accepté de participer samedi au congrès du principal parti islamiste du pays, Al-Islah, également dans l’opposition. Il venait de quitter la salle du congrès, et s’apprêtait à donner une interview à la chaîne de télévision Al-Jazira, au moment où Ali Jarallah s’est approché de lui et lui a tiré deux balles dans l’estomac.
D’après les premiers éléments de l’enquête, Ali Jarallah était lui-même membre du parti Al-Islah. L’agence officielle yéménite Saba a rapporté qu’il avait déjà été arrêté par le passé pour «incitation à la violence contre l’Etat» avant d’être libéré sur l’intervention de membres de la direction du parti Al-Islah. Elle a également rappelé que cette formation politique avait tenu à assurer elle-même la sécurité du congrès organisé à Sanaa. Le parti du président yéménite Ali Abdallah Saleh, le Congrès général du peuple (CGP) a qualifié samedi dans un communiqué l’assassinat de Jarallah Omar de «crime atroce» et a déclaré que le terrorisme ne dissuaderait pas le Yémen «de continuer sur la voie de la démocratie».
L’attaque perpétrée contre l’hôpital baptiste de Jibla devrait amener les autorités locales à prendre de nouvelles mesures contre ce fléau qui frappe durement le pays depuis deux ans. L’ambassade des Etats-Unis à Sanaa a d’ores et déjà appelé le gouvernement yéménite «à traduire en justice les responsables de ce crime». Les Etats-Unis attendent du Yémen, un pays avec lequel elles entretiennent une coopération sécuritaire étroite depuis les attentats du 11 septembre 2001, qu’il parvienne à garantir la sécurité des citoyens américains sur son territoire. Centre névralgique du terrorisme anti-américain au Proche-Orient, le Yémen va devoir donc intensifier la lutte qu’il mène depuis des mois. Son parlement devait d’ailleurs se pencher ce lundi sur un rapport soulignant la «nécessité de conjuguer les efforts des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, ainsi que toutes les institutions de la société civile, pour l’examen de ce phénomène qui constitue un danger pour l’unité et la sécurité nationales».
A écouter aussi:
Olivier Da Lage analyse la situation au Yémen (30 déc. 2002, 4'30")
par Olivier Bras
Article publié le 30/12/2002