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Politique française

Chirac confirme Raffarin à son poste

Malgré l'échec de la majorité aux élections régionales, le président Chirac a reconduit Jean-Pierre Raffarin à Matignon. 

		Photo AFP
Malgré l'échec de la majorité aux élections régionales, le président Chirac a reconduit Jean-Pierre Raffarin à Matignon.
Photo AFP
Le chef de l’État a refusé la démission que lui a présentée le Premier ministre. Un nouveau gouvernement, profondément remanié, doit être annoncé ce mercredi.

Moins de quarante-huit heures après le choc des régionales, Jacques Chirac a décidé de garder son Premier ministre. Si le chef du gouvernement reste en place, du moins jusqu’aux élections européennes du mois de juin, le cabinet qu’il dirige sera profondément remanié. A cette fin, le chef de l’État a différé son départ en Russie et le conseil des ministres, qui se réunit habituellement chaque mercredi, est reporté à vendredi prochain.

D’ici là, le gouvernement Raffarin III aura été constitué. Dès lundi après-midi, le Premier ministre a reçu de nombreux visiteurs, poids lourds ou poids moyens de la majorité. Certains ont déjà été ministres, d’autres se préparent à l’être. Le nouveau gouvernement sera annoncé ce mercredi. Indice de l’importance des changements qui s’annoncent, le ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, a annulé son déplacement à Berlin et un voyage à Haïti. Des rumeurs insistantes donnent l’actuel patron de la diplomatie française ministre de l’Intérieur, tandis que l’actuel titulaire du poste, Nicolas Sarkozy s’installerait à Bercy à la tête d’un super-ministère de l’Economie et des finances. Les têtes d’affiches du gouvernement Raffarin II issues de la «société civile» –le ministre des Finances Francis Mer, celui de l’Éducation nationale Luc Ferry ou la ministre des Affaires européennes Noëlle Lenoir– sont données partantes.

On se prépare sans doute au grand retour des politiques, si l’on a bien compris les propos de Dominique Bussereau, un proche de Jean-Pierre Raffarin, pour qui «il faut une équipe très politique, d’hommes et de femmes ayant une véritable expérience de la vie publique». Au-delà des spéculations, qui seront dissipées dans les heures qui viennent, il n’en demeure pas moins que chaque remaniement ministériel est marqué par les mêmes contraintes, les mêmes contradictions: on veut présenter à l’opinion publique une équipe restreinte, mais il faut que l’ensemble des régions soit représentées, qu’il y ait des femmes en nombre suffisant pour respecter un minimum de parité, si possible des représentants de la «société civile» pour montrer que les politiques sont à l’écoute, etc. Bref: mission impossible.

Ce gouvernement est, à l’évidence, voué à une courte vie. Le Monde titrait mardi après-midi «Jacques Chirac donne cent jours de sursis à Jean-Pierre Raffarin». Pour sévère qu’il soit, ce jugement est largement partagé par les analystes. On est loin de la première expérience de Jean-Pierre Raffarin en 2002, lorsque Jacques Chirac lui avait confié la direction d’un «gouvernement de mission» dont la durée de vie était aussi limitée. Mais il s’agissait alors de préparer les élections législatives qui ont suivi la présidentielle. La situation n’est en rien comparable, car le souffle d’alors, issu des résultats de celle-ci (82 % de voix pour Jacques Chirac) a été anéanti par la déferlante de gauche des régionales.

Une autorité amoindrie

L’autorité de ce nouveau gouvernement et de son chef en sort donc largement amoindrie. D’autant que Jean-Pierre Raffarin n’aura pas à attendre pour affronter les problèmes. Pour la forme, la gauche a protesté contre la reconduction du Premier ministre sortant, parlant de «provocation» ou de «surdité», mais nul ne s’en émeut. En revanche, la grogne commence à se faire entendre à droite où certains remettent plus ou moins ouvertement en cause la stratégie de l’UMP. Chacun à leur manière, le souverainiste Nicolas Dupont-Aignant et le libéral Claude Goasguen ont critiqué publiquement la culture de parti unique que semble dénoter le comportement actuel de l’équipe dirigeante du parti de droite. Certains, soulignant le sort que les électeurs espagnols ont réservé au Parti populaire d’Aznar, le modèle de l’UMP et font le parallèle avec les élections régionales en France.

par Olivier  Da Lage

Article publié le 30/03/2004 Dernière mise à jour le 30/03/2004 à 18:57 TU

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Bruno Jeanbar

Directeur adjoint du département Opinion au sein de l'institut de sondage CSA

«Il était dangereux de changer de Premier ministre et de lui faire porter éventuellement les difficultés du scrutin européen qui va avoir lieu au mois de juin.»

[30/03/2004]

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