Revue de la presse française
«Le baril brûle t-il ?» questionne Libération en Une, titrant sur les «marchés chauffés à blanc par l’or noir». «A vue de nez - estime l’éditorialiste - rien ne permet de tabler sur une résorption des foyers de tension proche-orientaux ou sur une baisse de la demande venant d’économies en plein boum : Chine, Inde, Etats-Unis. A plus long terme, la question de l’épuisement des réserves se posera. La hantise d’une pénurie de pétrole est à la fois furieusement rétro et pleine d’avenir». Précision du quotidien : «Selon l’optimisme des experts, la production commencera à décliner entre 2007 et 2050». Pour Les Dernières Nouvelles d’Alsace, «les tensions actuelles sur les marchés pétroliers ne sont que les prémices de ce que réserverait une interminable guerre civile au Moyen Orient». D’après La Montagne, «la chasse au gaspi s’inscrit dans une politique voulant accorder une place accrue aux énergies renouvelables, pour lesquelles la France se situe très en retrait sur ses voisins européens et les pays les plus soucieux d’économiser les énergies fossiles et, du même coup, de combattre les pollutions de toute nature».
Sur ce registre, France Soir s’exclame : ça «suffit les gadgets». «Alors que les dérèglements climatiques provoquent des cataclysmes, de sévères et ambitieuses mesures de protection de l’environnement s’imposent. (tandis que) le gouvernement choisit d’inciter les Français à des petits gestes citoyens et écologiques». Parmi les conséquences du réchauffement, ce confrère énumère : «Elévation du niveau de la mer entre 9 et 88 centimètres d’ici 2100 ; fonte des glaciers et fragilité des pôles Nord et Sud; bouleversement des équilibres entre espèces végétales et animales ; multiplication des tempêtes ; et des maladies transmises par les parasites» ! «Avec un baril de brut qui a franchi la barre des 41 dollars et la menace d’une nouvelle canicule attestant le changement de climat», l’Union assure que «la campagne de chasse au gaspillage pour mieux économiser l’énergie n’est pas un gadget. Il y a urgence à réveiller les attitudes raisonnables et à convaincre les ménages de mieux s’équiper pour moins consommer d’énergie. Inventer les technologies propres de demain, imaginer les solutions d’avenir et apporter une réponse aux menaces sur la santé de l’humanité». Tout cela, souligne le journal de Reims «exige que d’importants moyens soient donnés à la recherche. Il s’agit de la cause de la Terre, du devenir de la vie» !
Selon la chaîne de télévision américaine ABC, le Pentagone a décidé de changer les méthodes d’interrogatoires des détenus en Irak. Les personnes qui sont chargées de cette mission «ne pourront plus désormais modifier l’alimentation des prisonniers, ni les priver de sommeil, ni les encagouler ou les contraindre à des poses longues et douloureuses afin de leur arracher des informations». En Irak, résume Le Figaro, «les libérateurs se sont transformés en tortionnaires». Et le directeur du Monde se sent bien moins Américain qu’au lendemain du 11 septembre. Son éditorial s’intitule même aujourd’hui «tous non Américains ?» D’après Jean-Marie Colombani, en effet, «Monsieur Bush vient d’enregistrer une défaite stratégique majeure. La politique de sévices menée dans une capitale arabe fière et riche d’un passé glorieux est le plus beau cadeau jamais fait à Oussama Ben Laden depuis la chute du régime taliban en Afghanistan. Si l’on considère, (poursuit-t-il), que les peuples libres n’ont que faire des intérêts des firmes Halliburton (ou autres) qui contrôlent l’économie irakienne, y a t-il une autre voie que le souhait de voir George Bush junior renvoyé par les électeurs américains à ses prières, et au dialogue avec sa conscience ? » Conclusion sans détour de l’éditorial du grand quotidien français : «Souhaitons donc le départ de George Bush et la victoire de John Kerry». L’Eclair des Pyrénées n’est pas tout à fait sur cette longueur d’onde, en remarquant : «l’Amérique, loin de chercher à cacher les exactions de son armée, les a révélées elle-même, par ses journaux, dans toute leur ampleur. On aimerait que tous les donneurs de leçon aient le même courage. Il reste que les Etats-Unis auront du mal à effacer cette tache de leur drapeau. Pour tous ceux qui aiment ce grand pays, c’est une vraie tristesse. Et l’on voudrait que d’autres démocraties, la France en particulier, s’efforcent d’aider les Américains à surmonter cette épreuve. La République française, et son chef, s’honoreraient en faisant un geste public en direction de l’Amérique, afin de marquer, avec notre réprobation pour les fautes commises, notre solidarité maintenue». «Soyons clairs», ordonne de plus le patron de la rédaction de Ouest France. «La convention contre la torture et autres traitements cruels ou dégradants a été ratifiée par la France en 1986. Elle engage donc notre pays et toutes ses institutions. Les infractions à cette convention peuvent désormais relever du tribunal pénal international, créé en mai 1993. Voilà ce qui devrait être rappelé clairement et sans ambiguïté à toutes les forces armées, à toutes les forces de police».
par Alain Masson
[15/05/2004]
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