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Pétrole

L’insécurité relance le prix du baril

En proposant d'augmenter sa production de pétrole de 2,5 millions de barils par jour, l'Opep veut rassurer l'Occident. 

		(Photo: AFP)
En proposant d'augmenter sa production de pétrole de 2,5 millions de barils par jour, l'Opep veut rassurer l'Occident.
(Photo: AFP)
Le risque terroriste dans les régions du Proche-Orient productrices de pétrole dont l’attentat dimanche en Arabie saoudite est la preuve, a entraîné une nouvelle flambée des cours. Afin de rétablir la confiance, l’Opep semble disposée à ouvrir les vannes mais, pour les marchés financiers, la question est ailleurs. Pendant ce temps les pays industrialisés appréhendent les conséquences d’un prix durablement élevé du baril.
La prise d’otages d’al Khobar par un commando islamiste, dimanche en Arabie saoudite, a ravivé les craintes d’une multiplication d’attaques terroristes dans le premier pays pétrolier abritant le quart des réserves mondiales. D’autant plus que cette nouvelle attaque est la cinquième depuis le début de 2003 et la deuxième en un mois à viser des étrangers notamment les expatriés des compagnies pétrolières. Sur les 22 tués, 19 sont étrangers. 

Ce sentiment d’insécurité des zones pétrolières du Proche-Orient et la vulnérabilité du régime saoudien ainsi mises en évidence ont entraîné une reprise à la hausse des cours du baril dès mardi. Il a bondi à 42 dollars à New York et le Brent de mer du Nord a dépassé les 38 dollars. Les opérateurs redoutent une offensive des réseaux islamistes destinée à perturber les livraisons pétrolières alors que les prix étaient déjà élevés en raison du conflit en Irak et des difficultés d’approvisionnement aux Etats-unis. Le régime saoudien apparaît menacé aux  marchés financiers et le communiqué de revendication au nom du réseau al Qaïda visant les compagnies pétrolières américaines qui «volent la richesse des musulmans» semble prise au sérieux.

L’euro amortit la hausse du prix

Dès lors, il est de la plus haute importance pour l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), et en premier lieu l’Arabie saoudite, de rassurer les pays consommateurs. Avant la réunion ministérielle de l’Opep, jeudi à Beyrouth, l’Arabie saoudite renouvelle sa proposition de porter le plafond de production du cartel pétrolier à 26 millions de barils par jour, soit une augmentation de 2,5 millions de barils par jour, afin de stabiliser les prix. Cette position est également celle de l’Indonésie qui assure la présidence de l’Opep et du Koweït. Toutefois l’Opep a déjà une production supérieure de plus de deux millions de barils par jour au plafond  en vigueur de 23,5 millions de barils par jour, en raison des traditionnels dépassements pratiqués par les pays producteurs en dépit de leurs engagements. Le relèvement évoqué ne ferait donc que mettre le plafond de production à peu près au niveau de la réalité. Donc sans grand effet sur l’offre de pétrole, si ce n’est sur le plan psychologique.  

Et même cela est contesté par le ministre iranien du Pétrole Bijan Zanganeh qui estime que la hausse de production ne suffira pas à faire baisser les cours. Des analystes du marché pétrolier sont du même avis quand ils relèvent qu’il n’y a pas de réelle pénurie de pétrole et que le problème est ailleurs, dans le rétablissement de la sécurité et une amélioration de la situation politique dans cette région du monde. 

Pendant ce temps les pays européens font leurs comptes et examinent les conséquences sur leur maigre taux de croissance du renchérissement de l’énergie. Les ministres des Finances des pays de l’euro se penchent sur la situation «préoccupante» des marchés pétroliers estimant à 0,2 point de croissance en moins le renchérissement du pétrole. Un baril durablement à 40 dollars, au lieu de 31 dollars en moyenne dans les prévisions, avec un taux de change de 1,22 dollar pour un euro ramènerait la croissance à 1,5% au lieu de 1,7% attendu. En revanche l’inflation, fixée à 1,8% pour 2004, arriverait en fait à 2%. Toutefois la Commission européenne juge que l’impact incontestablement négatif du prix élevé du baril sur la croissance économique en Europe n’est pas une raison suffisante de s’alarmer car le taux de change de l’euro amortit en partie la flambée des cours.



par Francine  Quentin

Article publié le 01/06/2004 Dernière mise à jour le 01/06/2004 à 15:44 TU