Téléphonie mobile
La France s’ouvre aux opérateurs virtuels
(Photo: AFP)
C’est une première en France. Les opérateurs mobiles virtuels ou Mobile virtual network operator (MVNO) vont proposer leurs services sur le marché déjà très concurrentiel de la téléphonie mobile. Rappelons que les MVNO ne disposent pas d'infrastructures techniques mais utilisent les lignes des opérateurs existants contre le versement d'une redevance.
C’est l’opérateur de téléphonie mobile SFR (filiale de Vivendi) qui donne le coup d’envoi. SFR annonce, vendredi 11 juin, un accord avec le revendeur de téléphonie mobile, l’allemand Debitel, qui utilisera le réseau SFR pour proposer au public ses propres offres de téléphonie mobile. De manière globale, «Debitel commercialisera sous sa marque des services auprès de clients particuliers et entreprises, en fournissant ses propres terminaux et cartes SIM, en définissant librement ses tarifs, en assurant lui-même la facturation et le service client», précise le communiqué commun des deux opérateurs.
Plus de 80% de marge sur les SMSDans un premier temps, Debitel proposera en juillet une offre de démarrage avec un tarif de SMS à 9 centimes d'euro. Les prix pratiqués en France par les autres opérateurs sont en moyenne de 15 centimes d’euros l’unité. Debitel annonce également une gamme de cinq forfaits mensuels qu'il présente comme «les moins chers du marché», allant de 25 euros (2 heures) à 64 euros (8 heures). De son côté, Orange (filiale de France Télécom) serait en négociation pour accueillir sur son réseau, le britannique Phone House (groupe Carphone Warehouse).
Le gouvernement et l’Autorité de régulation des télécoms (ART) ne sont pas étrangers à l’arrivée de ce quatrième opérateur de téléphonie mobile sur le marché. Le ministre français de l’Industrie a fait des tarifs élevés en matière de téléphonie une priorité. Il y a quelques semaines, Philippe Devedjian avait exhorté les trois opérateurs Orange, SFR et Bouygues Telecom à «revoir leur tarifs à la baisse» et à «ouvrir leur marché à la concurrence» sous peine de «voir l’Etat prendre ses responsabilités».
Les opérateurs français ont entendu l’ultimatum du ministre français de l’Industrie, alors qu’ils se disaient opposés à l’arrivée d’opérateurs virtuels au motif qu’il restait une quatrième licence UMTS encore disponible. Pour sa part, l’ART, qui dispose de nouveaux pouvoirs dans le secteur depuis l’adoption début juin de la loi sur «le paquet télécoms», devrait favoriser l’émergence des MVNO en lançant une consultation publique sur la question.
Comme le gouvernement, le président de l’ART, Paul Champsaur, appelle de ses vœux l’arrivée de MVNO pour «favoriser la concurrence sur un marché limité à trois acteurs Orange, SFR et Bouygues Telecom» et parvenir notamment à «une baisse du prix unitaire des SMS». Le chiffre d’affaires réalisé par les trois opérateurs sur les mini-messages en 2003 s’élève à environ un milliard d’euros et leur marge à 800 millions d’euros, selon l’association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir qui affirme que les opérateurs «s’entendent» pour réaliser plus de 80% de marge sur les SMS.
La France n’est pas le seul pays à se passionner actuellement pour les opérateurs mobiles virtuels, la Grande-Bretagne est très avancé dans ce domaine. Le britannique Virgin Mobile, lancé en 1999 par le milliardaire Richard Branson, revendique 4,4 millions d'abonnés. L'opérateur virtuel utilise le réseau de T-Mobile, filiale de Deutsche Telekom. Au Danemark, l’arrivée à MVNO a permis de chuter de plus de 50% le prix de communications mobiles en l’espace de six mois.
par Myriam Berber
Article publié le 11/06/2004 Dernière mise à jour le 11/06/2004 à 14:42 TU