Sahara occidental
Les familles séparées se retrouvent
Carte de la région.
(Source: Minurso, réalisation: Marc Verney/RFI)
Automne 1975, l'Espagne quitte sa colonie du Sahara. Le Maroc envahit le territoire. Il se heurte au Front Polisario (Front populaire de libération de Saguia el-Hamra et du Rio de Oro), qui réclame l'indépendance de cette région désertique, riche en phosphates et en ressources halieutiques.
Vue aérienne du mur de sable édifié par le Maroc au Sahara occidental.
(Photo: AFP)
Soutenu par l'Algérie, le Front Polisario organise sa base arrière dans la région de Tindouf (sud-ouest algérien). En plein désert, il y installe son administration, la République arabe sahraouie démocratique, et plusieurs camps de réfugiés. Un cessez-le-feu entre en vigueur en 1991. Il est surveillé par la Mission des Nations-unies au Sahara occidental (Minurso), également chargée de préparer un référendum d'autodétermination.
Depuis près de trente ans, des milliers de familles se trouvent donc séparées par l'un des plus longs conflits africains. Mais depuis quatre mois, grâce au Haut commissariat pour les réfugiés de l'ONU, l'espoir renaît: chaque semaine, un groupe part visiter ses parents, «de l'autre côté». Cinq jours plus tard, il faut rentrer, côté algérien ou côté marocain.
C'est ce voyage bouleversant que nous vous proposons de faire avec ces familles. Pour la première fois, un journaliste a été autorisé à les suivre, de Tindouf au Sahara occidental, et retour.
Un reportage de Sébastien Jedor, à suivre du lundi 5 au vendredi 9 juillet 2004.
Dans le camp d'Aousserd, une famille s'apprête à partir
Rencontre avec une famille qui habite depuis trente ans dans le camp de réfugiés d'Aousserd. Al Najat, la cinquantaine, son fils, Al Sheikh, la trentaine, et sa fille, Kjadiatou, qui n'a connu que ce camp.
«Dernière recommandation du HCR avant le "grand voyage"»
C'est le départ
Tindouf-Llayoune: 90 minutes de vol, le voyage d'une vie. A l'aéroport de Llayoune, retrouvailles entre des familles qui partent pour l'Algérie et les autres qui arrivent des camps de réfugiés. Des embrassades, mais ce n'est rien comparé à l'émotion qui submerge les familles, une fois arrivées au village. Trente ans...
«Une fois arrivés au village, on s'étreint jusqu'à l'étouffement.»
Dans leur village d'origine
Après l'émotion des retrouvailles, nous retrouvons les familles dans leur village d'origine, Boujdour, 180 km au sud de Llayoune. Pendant leur séjour, les réfugiés peuvent se déplacer librement, ils sont sous la protection du HCR. Mais il faut éviter les tracasseries inutiles pour le passage des check-points.
«Les retrouvailles se font toujours autour d'un grand repas.»
Celles qui sont restées
Ces visites «de l'autre côté» durent 5 jours, mais, sur le papier, rien n'interdit aux visiteurs de rester. Jusqu'à maintenant, seules 3 personnes l'ont fait : deux femmes et la fille de l'une d'elles. Elles sont restées dans la partie annexée par le Maroc, à Dakhla, au sud du Sahara occidental. El Ghalia est persuadée que son avenir est ici. Elle a accouché peu après son arrivée. Son mari, lui, vit dans les camps de réfugiés du Front Polisario, côté algérien.
«L'histoire de ces femmes est exceptionnelle.»
Le départ
Les cinq jours de visite, si courts, sont passés à une vitesse folle. Il faut à nouveau quitter les parents, les oncles, les tantes, et repartir. Les larmes coulent derrière les vitres du bus, derrière les hublots de l'avion, dans les têtes et dans les coeurs, des souvenirs d'une vie.
«Les familles nous demandent de prolonger le séjour mais ce n'est pas possible. Il y a toujours des pleurs.»
Pour aller plus loin:
l'association France Libertés-Fondation Danielle Mitterrand a publié plusieurs rapports d'enquête relatifs au Sahara occidental et sur les prisonniers de guerre marocains.
http://www.france-libertes.fr/actu/actudhci/docfr.pdf Rapport de la Mission internationale d'enquête au Sahara occidental, «état des droits civils, politiques et socio-économiques et culturels des Sahraouis; état de l'exploitation économique de ce territoire non autonome».
http://www.france-libertes.fr/actu/actudhci/rapport_pgm_0703.pdf Rapport de la Mission internationale d'enquête sur «les conditions de détention des prisonniers de guerre marocains détenus à Tindouf (Algérie)».
Site de la Minurso, Mission des Nations unies pour un référendum au Sahara occidental
Site du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés
Site de soutien au Front Polisario, avec liens vers les différents organes de presse du mouvement.
Le
site du ministère marocain de la Communication.
Article publié le 05/07/2004 Dernière mise à jour le 09/07/2004 à 12:11 TU