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Editorial sports

Le vainqueur n’est pas toujours celui qu’on croit

Gérard Dreyfus 

		(Photo RFI)
Gérard Dreyfus
(Photo RFI)

Saint-Léonard de Noblat.
Le nom de ce gros bourg d’environ 5.000 habitants situé au centre de la France, à une vingtaine de kilomètres de Limoges, ce nom ne vous dit probablement rien.
Il fut au Moyen Age, une étape pour les pèlerins sur la route de Saint-Jacques de Compostelle. Une église romane classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, en porte encore la trace.
Il est aussi le lieu de naissance de Gay-Lussac, chimiste et physicien connu pour ses travaux sur la dilatation des gaz. Egalement pour sa rue à Paris où les étudiants battaient le pavé en Mai 68.
Mais Saint-Léonard de Noblat, c’est pour nombre de Français le fief de Raymond Poulidor.
Mardi la 9ème étape du Tour de France a pris –c’était une première- son envol de Saint-Léonard de Noblat. Peut-être en souvenir du duel homérique qui opposa, épaule contre épaule,  presque en rupture d’équilibre, le 12 juillet 1964 dans l’ascension du Puy de Dôme, Raymond Poulidor à Jacques Anquetil. Un tandem que personne n’a oublié. Poulidoriens et Anquetilistes – la France alors était divisée en deux camps- en parlent encore.
Anquetil, le Normand. C’était la classe. On l’avait surnommé Maître Jacques. Une allure sur le vélo inégalée. Elégant, facile, en harmonie totale avec son engin dans la spécialité qui était la sienne, le contre-la-montre individuel. Toujours présent aux rendez-vous qu’il s’était fixés.
Poulidor, le Limousin, son contraste. Homme simple et modeste. Il aurait été ouvrier ou agriculteur s’il n’avait pas couru. Voué à un destin ordinaire.
Le sien ne le fut pas. Deuxième cette année-là à l’arrivée derrière son rival, son ennemi ajoutait la presse. Il y gagna son surnom d’éternel second. Qui est passé dans le langage commun.  Longtemps François Mitterrand fut  nommé  le Poulidor de la politique après ses deux premiers échecs à l’élection présidentielle. L’expression est restée aujourd’hui encore.
Poulidor a gagné beaucoup de courses, quelques unes très belles. On n’a gardé en mémoire que ses échecs. Notamment dans le Tour de France. Dont il n’a jamais, ne serait-ce qu’une seule journée, porté le célèbre maillot jaune. Incroyable pour un homme trois fois deuxième et cinq fois troisième de la Grande Boucle. A 68 ans, l’homme jovial qui respire le bonheur ne s’en formalise pas. Il est surtout toujours aussi étrangement populaire, pardon poupoulaire. La popularité dit Poulidor est venue de la poisse, de la guigne qui ne m’ont jamais épargné. Quand j’allais gagner, une crevaison, une chute, survenaient, prenaient une allure dramatique. La malchance a été la chance de Poupou. Il en a obtenu une notoriété inimaginable. «Plus j’étais malchanceux, plus le public m’appréciait, plus je gagnais d’argent. Il m’est d’ailleurs arrivé de penser que gagner ne servait à rien
Franchement c’est une histoire digne d’un véritable conte de fées. Je n’en connais pas d’identique dans le monde du sport.


par Gérard  Dreyfus

[17/07/2004]

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