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Editorial politique

Dérive raciste en Corse ?

Patrice Biancone 

		(Photo RFI)
Patrice Biancone
(Photo RFI)

Bien évidemment, tous les Corses ne sont pas racistes. Mais il faut reconnaître que les Maghrébins, et les Marocains en particulier, ne sont pas les bienvenus sur l'île. Depuis plus de deux ans, avec une régularité inquiétante, ils sont victimes d'attentats, et l'été dernier, à Bastia, on a même vu des jeunes organiser une expédition punitive dans la vieille ville qui a pris des airs de ratonnade. Trente attentats en neuf mois et pas de réactions si ce n'est celle de la Ligue des droits de l'homme, celle de l'association Ava Basta et celle du président UMP de l'Assemblée territoriale corse, Camille de Rocca Serra, qui a dénoncé «le racisme et la xénophobie».Une sale dérive qui serait à mettre sur le compte d'un groupuscule fascisant inconnu qui a revendiqué sept explosions en signant Clandestini Corsi.

Alors si certains responsables nationalistes ont pris des distances avec ces actes, il faut tout de même dire que le climat qui règne sur l'île est largement imputable à leur discours identitaire. La motion d'orientation générale adoptée en 2001 par l'Unita par exemple, évoque notamment la question de l'immigration et de sa supposée utilisation par l''Etat. Elle serait, cette immigration, une arme stratégique pour anéantir l'identité corse de deux façons. La première qui consisterait à faire venir sur l'île des fonctionnaires dont le plan de carrière dépendrait du zèle anti-corse. Et la seconde, plus insidieuse précise le document, qui relèverait de mouvements démographiques propres à tous les pays en voie de développement, et tout particulièrement le Maghreb...

En d'autres termes, l'Etat implanterait volontairement d'autres communautés avec le secret espoir de rendre un jour minoritaire les Corses sur leur île. Cette organisation, l'Unita, a beau expliquer qu'il ne s'agit pas d'un combat raciste, mais seulement d'un combat pour la survie, il n'en reste pas moins que les inscriptions, qui ont fait leur apparition sur les murs sont violemment menaçantes pour une seule catégorie de gens. Si on peut lire en effet que les Français doivent partir de la Corse: «Francesi fora», pour les maghrébins les choses sont plus radicales puisque les mots d'ordre leur proposent une alternative qui se passe de commentaire: la valise ou le cercueil.

Plus grave, au moment où, la cohésion nationale semble fonctionner, au moment où les musulmans de France ont montré leur attachement à la république avec l'affaire des otages en Irak, on ne peut que constater que ce sont les nationalistes qui expliquent, «qu'in fine», le peuple corse est, et restera, la seule communauté de droit sur l'île. Voilà de quoi donner des idées aux extrémistes de tous poils ou tout simplement aux imbéciles haineux capables de passer à l'acte. Pendant ce temps, le Front national jubile. Jusqu'à présent en retrait de la vie politique locale, il s'installe désormais dans le paysage corse sans parler d'immigration et commence à profiter de la situation en engrangeant le bénéfice électoral. Ce qui pose aujourd'hui tout simplement la question de la récupération des mouvements clandestins par l'extrême droite.


par Patrice  Biancone

[14/09/2004]

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