Editorial politique
François Hollande est pour le traité constitutionnel européen parce qu'il représente à ses yeux une avancée.
Laurent Fabius est contre en l'état, parce que, dit-il, le texte ne prévoit rien qui garantisse un changement de politique en matière d'emplois et de délocalisations, sujets qui préoccupent, on le sait, les Français...
La divergence est de taille. Elle s'apparente à une rupture tant sont affirmés les positions de chacun et tant sont répercutés, par les médias, les échos de voix venus de la rue de Solférino où siège le PS...
François Hollande-Laurent Fabius: deux ambitions face à face.
François Hollande qui dit "oui" au nom d'un réformisme de gauche défendu au congrès de Dijon, parce qu'il serait ce réformisme, le socle des victoires électorales du printemps dernier.
Et Laurent Fabius qui se considère toujours comme le candidat naturel pour 2007 et qui, se sentant menacé dans le 1er rôle par François Hollande, joue une carte décisive dans une partie dont l'enjeu est bien l'Europe dans un premier temps, mais aussi l'élection présidentielle à plus longue échéance....
Car y regarder de plus près, le positionnement des deux hommes sur le traité s'explique aussi par leur conception du rapport de force et de la stratégie unitaire de la gauche pour le futur...
Là où Laurent Fabius regarde en direction des Communistes et semble désireux de donner des gages à la gauche de la gauche en prenant fait et cause pour le NON, François Hollande persévère pour imposer un PS fort et débarrassé d'alliés trop encombrants et irrémédiablement affaiblis...
Le débat s'est emballé ces derniers jours. Officiellement chaque camp veut privilégier le fond et revenir à un peu plus de civilité dans le propos, mais c'est Jacques Chirac en personne qui s'est chargé de relancer la polémique, trop heureux de voir les socialistes se déchirer, eux qui avaient tendance à lui faire la leçon en le mettant publiquement en garde contre une utilisation partisane du référendum....
Interpellé par Laurent Fabius qui lui avait notamment posé 4 conditions pour dire OUI au traité, le chef de l'Etat a donc profité de son déplacement à Madrid pour remuer le fer dans la plaie socialiste en souhaitant, à son tour, que la campagne du référendum ne soit pas détournée à des fins partisanes justement créditant ainsi l'idée que si manœuvre politique il y a, elle vient de l'autre camp et qu'elle est à usage interne..
Quand à Jack Lang, après avoir tenté de jouer les casques bleus, il s'est extirpé de la mêlée socialiste pour dire sa colère et dénoncer les positions très nombrilistes de ses amis, positions que personne ne comprendrait à l'extérieur, ni en France, ni en Europe...
Et il est vrai que si le non l'emportait au PS, il serait le seul parti de gouvernement, avec les conservateurs britanniques à voter contre le traité. Voilà qui ne manque pas de sel. On connaissait le droit d'inventaire, désormais ont sait qu'en 2004, le socialisme c'est aussi le pouvoir de dire non. Non, y compris à sa propre histoire...
par Patrice Biancone
[28/09/2004]
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