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Chronique des matières premières

Une bulle spéculative sur le marché du café

Jean-Pierre Boris 

		(Photo RFI)
Jean-Pierre Boris
(Photo RFI)

« C’est de la folie complète.» Perdu dans les plantations de café du Costa Rica, pendu à son téléphone portable, cet exportateur de café, n’en croit pas ses yeux. En trois semaines, les cours du café arabica ont enregistré une progression foudroyante. A la bourse de New York, ils ont pris 30%. Hier, pour la première fois depuis quatre ans, la livre d’arabica touchait brièvement la barre symbolique du dollar. On pourrait imaginer que du côté des producteurs, des exportateurs, des négociants, ce serait la joie, l’euphorie. Pas du tout. Le sentiment qui domine, c’est l’incrédulité face à une explosion des prix que personne ne comprend. Une progression pareille s’entendrait si on manquait de café, si les stocks étaient vides, si la récolte brésilienne était catastrophique. Il n’y a rien de pareil en vue. Aux Etats-Unis, on a tout le café qu’on veut. En Europe, la consommation est en baisse. Les données fondamentales du marché du café n’expliquent pas ce que tous considèrent comme une bulle spéculative.

Les responsables de cette envolée, ce sont en effet les fonds spéculatifs. Les gestionnaires de ces fonds ont constaté que les cours du café avaient beaucoup moins progressé, ces derniers mois, que ceux de l’or, des métaux, pour ne pas parler du pétrole. Pour les spéculateurs, il y a donc là une marge de progression importante en vue, des bénéfices possibles. Cette analyse purement financière désarçonne les acteurs du marché du café. Les producteurs essaient d’en profiter pour vendre leur marchandise. Mais du côté des acheteurs, des torréfacteurs, on s’interroge. Personne ne peut savoir si la hausse va se poursuivre, auquel cas il faut acheter maintenant, où si ce n’est qu’une passade, ce qui permettrait d’attendre que les cours rechutent. Quant aux négociants qui devaient prendre livraison de sacs de café, ils s’inquiètent de savoir si leurs fournisseurs ne vont pas essayer de profiter de la situation pour revoir leurs prix à la hausse, au dernier moment. C’est peu de le dire, les spéculateurs ont déstabilisé le marché mondial du café. 

Fermeté sur le marché du riz

Sur le marché du riz, les cours sont à la hausse. La tendance devrait se maintenir dans les mois qui viennent, estime le spécialiste du CIRAD, Patricio Mendez del Villar dans son dernier bulletin. C’est l’effet d’une forte demande au Moyen-Orient et en Afrique de l’Ouest. Du côté des fournisseurs, la Thaïlande est en train de battre des records. En 2004, profitant de l’absence du Vietnam, elle aura exporté près de 10 millions de tonnes de riz, en vidant ses vieux stocks.  La tonne de riz thaïlandais 100%, du riz entier, valait 200 dollars en 2003. Elle en vaut 270 à l’heure actuelle. Hausse impressionnante qui s’explique aussi par la baisse du dollar.

Et puis en bref, malgré la faiblesse des cours mondiaux, les Américains veulent toujours produire plus de coton. Pour la saison 2005-2006, on y pense déjà, les surfaces consacrées au coton profiteraient d’un recul du soja qui est atteint par une maladie.

par Jean-Pierre  Boris

[01/12/2004]

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