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Editorial politique

La question turque divise les socialistes

Patrice Biancone 

		(Photo RFI)
Patrice Biancone
(Photo RFI)

Il y a quelques semaines, François Hollande, se voyait conforté dans son choix européen. La victoire du «oui» au traité constitutionnel le légitimait à la tête du parti. Et, son statut de présidentiable se dessinait un peu plus précisément, alors que l'étoile de Laurent Fabius, qui avait choisi le «non», se mettait à pâlir. On pensait à ce moment là que celui qui était devenu, par le simple effet d'une consultation interne, l'ancien «candidat naturel» allait rester en retrait et qu'il se fondrait dans la masse, le temps que se dissipe l'impact de son échec.

Manifestement, nous étions dans l'erreur. Si de Gaulle a eu sa traversée du désert et Lionel Jospin celle de son bac à sable, pas question pour Laurent Fabius de donner du temps au temps. L'élection présidentielle c'est en 2007, dans deux ans. Et, deux ans c'est court, trop court pour laisser passer les opportunités qui se présentent, l'objectif étant de prouver qu'il y a une vie après le désaveu des militants, et peut-être même une possibilité de reprendre pied, de redevenir le candidat naturel, en opposant l'opinion publique à l'opinion du parti. Une légitimité contre une autre légitimité, ce que François Hollande n'apprécie pas lui qui croyait que son avertissement, et son appel à l'unité, lancé après le victoire du «oui» au référendum interne avait été entendu. C'était méconnaître la pugnacité de Laurent Fabius, un homme qui, par bien des aspects rappelle le Giscard d'après 1981, le Giscard qui n'a cessé, une fois la défaite consommée, d'intervenir dans le débat pour dire tout autre chose que son camp, réglant ainsi, de manière quelquefois étincelante et au grand régal des journalistes, ses comptes avec Alain Juppé ou Jacques Chirac du haut de la tribune de l'assemblée nationale.

Laurent Fabius, pour sa part, a donc décidé de poursuivre sur sa lancée. Perdu pour perdu, rien de mieux finalement que de confirmer que l'Europe et sa construction sont des affaires si sérieuses et si déterminantes qu'il convient, contre vents et marées, d'interpeller les français sur les risques qu'il courent non seulement à adopter la constitution mais également à laisser la Turquie adhérer à l'UE. Paradoxalement, et après coup, cela est sensé donne du poids à son engagement en faveur du «non» à la constitution. Sachez le, Laurent Fabius ne persiste pas dans l'erreur. Il va jusqu'au bout de ses convictions, la preuve évidente que sa démarche, depuis le début, n'est pas guidé par des stratégies présidentielles complexes et incompréhensibles qu'on a bien voulu dénoncer, tel est du moins le message qu'il veut faire passer.

 Car a y regarder de près, on voit bien que non seulement Laurent Fabius veut surfer sur l'opinion publique que l'on dit défavorable à l'adhésion de la Turquie, mais également qu'il veut imposer une idée simple : François Hollande, en se montrant très prudent sur le sujet, en défendant le traité constitutionnel et en optant pour l'adhésion sous conditions de la Turquie, rejoint la position de Jacques Chirac alors que lui, en défendant la solution du partenariat, reste le seul opposant, le seul à montrer qu'il y a bien une différence entre la droite et la gauche ce qui, jugent quelques proches, vaut bien un costume de présidentiable.

par Patrice  Biancone

[15/12/2004]

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