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Editorial politique

Jacques Chirac-Turquie : les Français décideront !

Patrice Biancone 

		(Photo RFI)
Patrice Biancone
(Photo RFI)

Rassurer, mais tenir bon. Dire qu'il est un partisan convaincu de l'adhésion de la Turquie, mais affirmer, dans un même temps, que l'ouverture des négociations ne vaut pas forcément quitus. Se montrer optimiste sur l'évolution du pays candidat tout en confirmant que la communauté restera ferme sur les conditions posées et notamment sur les droits de l'homme et la reconnaissance du génocide arménien. C'est tout l'exercice auquel s'est livré Jacques Chirac quelques heures après que les eurodéputés ont approuvé l'ouverture "sans délai inutile" des négociations. 407 voix contre 262. Jacques Chirac a du faire le compte. Parmi ceux qui se sont prononcés contre à Strasbourg l'UDF et l'UMP, les deux composantes de la majorité, ce qui, définitivement, va compliquer la campagne référendaire sur la constitution européenne.

Jacques Chirac en a conscience, sinon pourquoi aurait-il tant insisté sur l'absolue nécessité de ne pas détourner de sa vocation la consultation à venir "par des considérations qui n'ont rien à voir avec elle". Autrement dit: le président a joué les pédagogues face à un pays hostile. Une tâche difficile, presque schizophrénique, qui risque bien de brouiller la lisibilité de la politique qu'il entend mener et ce d'autant plus que c'est Nicolas Sarkozy lui-même, en tout nouveau président de l'UMP, qui d'Israël où il se trouve actuellement, a expliqué que la position du président "créait une difficulté incontournable" et qu'il allait s'employer à apaiser les choses au sein de la formation majoritaire. Dans le fond, tout est bon quand il s'agit de s'imposer et de paraître incontournable y compris faire semblant de ne pas comprendre les obligations d'Etat auxquelles Jacques Chirac doit se soumettre parce que la France n'est qu'un membre parmi 25 de l'Union européenne, ce qui lui laisse bien peu de marge de manœuvre.

Partant du principe qu'il faut voir les choses telles qu'elles sont et non telles qu'on voudrait qu'elles fussent, le président a donc tenté de donner de la perspective au processus qui devrait être confirmé aujourd'hui à Bruxelles. Développement historique, économique et un peu philosophique au cours duquel il a été question de laïcité adoptée dès 1923 par Ankara, mais aussi de paix et de démocratie. Jacques Chirac a insisté sur l'éloignement de l'adhésion de la Turquie. 10 ans, 15 ans, peut-être même vingt. Voilà qui devrait lui permettre, de se mettre au niveau des acquis communautaires. 30 chapitres ou 88 000 pages de législation à adopter. Une assurance sur la volonté d'Ankara de devenir européen, Ankara à qui il sera impossible de dire "non" une fois que ces efforts auront été fournis, a dit Jacques Chirac...

Pour rompre le cercle de la solitude politique dans lequel il semble se mouvoir, le président a également rappelé que les Français auront à se prononcer sur l'adhésion. Un autre processus référendaire promis et sensé garantir que rien ne pourra leur être imposé. Ils pourront alors se déterminer en fonction des avancées démocratiques concrètes et quantifiables et de la mise à niveau économique de la Turquie: Un double verrou qu'ils pourront ouvrir ou fermer en temps et heure. Oui, décidément, Jacques Chirac à bien essayé de se dégager de l'heure présente pour dessiner un futur optimiste pour l'Europe. C'est la réponse de la majorité qu'il importe de connaître désormais, car sans position commune, c'est le désarroi des Français qui risque bien de perdurer. Or le désarroi d'un peuple finalement, ce n'est souvent que le reflet des hésitations, du manque de confiance, et de la désunion de ceux qui le gouverne.


par Patrice  Biancone

[16/12/2004]

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