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Editorial politique

Chirac-Turquie : seul contre tous, ou presque…

Patrice Biancone 

		(Photo RFI)
Patrice Biancone
(Photo RFI)

Il parait que la Turquie ne peut pas se passer de l'Europe et que l'Europe ne peut pas se passer de la Turquie. Du côté d'Istanbul, c'est une idée qui est souvent exprimée. Un rêve qui prend racine dans l'histoire, une certaine histoire commune; et par les efforts fournis par Ankara depuis le début du XXème siècle, la fondation de la république Turque. C'était en 1923. Mustafa Kémal entamait alors des réformes qui se sont poursuivis depuis et qui devrait donc logiquement aboutir à l'adoption de la législation européenne. «Une mise à niveau» comme l'a dit Jacques Chirac, pour lui permettre d'intégrer véritablement l'Union; une démarche logique selon Ankara, qui permettrait à l'intention de se concrétiser, à « l'européanité » turque d'être enfin reconnue officiellement...

Pour la France, et plus largement pour l'Europe, le bénéfice d'un tel processus serait réel et considérable. Jacques Chirac l'a évoqué avant de partir pour Bruxelles. «Avec une Turquie européenne, a t-il dit, nous avons la certitude de pouvoir peser un jour face aux grands ensembles mondiaux que sont la Chine, l'Inde ou l'Amérique de Nord». C'est donc une conviction du président de la république. Une vraie, qui l'a même conduit a oublier toute idée de «lien fort» ou de «partenariat privilégié» évoqués par d'autres en France, disons même par une majorité d'élus qu'ils soient de droite ou de gauche, pris d'une sorte de panique et de crainte au moment de l'ouverture des négociations d'adhésion...

L'illustration de cette attitude, nous l'avons avec la déclaration de Nicolas Sarkozy. Le chef du parti majoritaire, a commenté la position du président alors qu'il était en visite en Israël. «Tout nouvel élargissement a t-il affirmé, reviendrait à revoir nécessairement à la baisse les objectifs de l'Union européenne..», un sentiment qui serait partagée par les deux tiers des députés de l'UMP.

La fracture est donc réelle et Nicolas Sarkozy pourrait y trouver quelques motifs de satisfaction. Jacques Chirac en se prononçant pour l'adhésion de la Turquie se serait coupé de l'opinion publique et de son propre camp qui réclame toujours un vote du parlement: ce pourrait être la preuve qu'il n'a pas l'intention de se représenter en 2007... De quoi réjouir les supporters de Nicolas Sarkozy qui ne se privent pas d'agiter cette idée. De quoi faire sourire le chef de l'état qui sait, par expérience, que le réel récompense toujours ceux qui osent le regarder sans ciller...

Finalement, et c'est une autre bizarrerie de l'histoire politique Française,  c'est la droite qui proteste et fait entendre sa différence sur l'adhésion de la Turquie. Et c'est la gauche qui, une nouvelle fois, semble en phase avec Jacques Chirac. Dans 10 ou 15 ans, beaucoup de choses auront changé. Et le fait d'avoir été constant pourrait être récompensé. Bien souvent en effet, les évènements attendus finissent par arriver et ce n'est pas la mondialisation dont on parle tant, ainsi que les nouveaux rapports de force qui viendront affaiblir l'idée qu'une Europe élargie à la Turquie serait un atout. De ce point de vue là, Jacques Chirac peut dormir tranquille...

par Patrice  Biancone

[17/12/2004]

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