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Constitution européenne

Référendum : tous les partisans du «oui» dans la bataille

A Nantes, l'ancien Premier ministre Lionel Jospin a prononcé un discours en faveur du «oui» sous le regard du premier secrétaire du Parti socialiste François Hollande.(Photo: AFP)
A Nantes, l'ancien Premier ministre Lionel Jospin a prononcé un discours en faveur du «oui» sous le regard du premier secrétaire du Parti socialiste François Hollande.
(Photo: AFP)
Le temps est désormais compté pour convaincre les Français, dans un sens ou dans l’autre, à propos de la ratification de la Constitution européenne. Alors que l’on entre dans la dernière semaine de la campagne, les défenseurs du «oui» font feu de tout bois dans l’espoir d’apporter un démenti par les urnes aux derniers sondages qui font état d’une nouvelle remontée du «non» dans les intentions de vote des Français.

Oui ou non ? Dans 9 jours, les dés seront jetés. Les Français auront choisi de ratifier, ou non, le projet de Constitution européenne. Et pour les défenseurs du «oui», la dernière semaine de campagne semble devoir être déterminante. Récemment requinqués par des sondages plus encourageants, ils n’auront eu, en fait, qu’un répit de courte durée. Une nouvelle enquête montre que le «non» a repris du poil de la bête : 53 % des Français interrogés par l’institut BVA pour l’hebdomadaire L’Express, ont affirmé qu’ils avaient l’intention de rejeter la ratification du traité, 47 % d’entre eux déclarant au contraire vouloir l’adopter.

Et pourtant, tous les ténors du «oui» se sont jetés dans la bataille. A peine remis de son opération de la vésicule biliaire, le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin est reparti en campagne. Il s’est exprimé sur la chaîne de télévision France 2 et a ensuite enchaîné les déplacements pour expliquer, encore et toujours, que les Français ne sont pas appelés à voter pour ou contre le gouvernement mais à s’exprimer à propos d’un texte destiné à permettre à l’Europe de fonctionner à 25. Convalescent mais déterminé, Jean-Pierre Raffarin veut absolument participer à «responsabiliser» ses concitoyens qui doivent faire un choix «historique». Et le Premier ministre entend s’atteler à cette tâche quelles que soient les critiques qui lui sont adressées concernant l’impact de ses prises de position sur l’opinion des Français, en raison de sa popularité qui n’en finit pas de chuter. Le Premier ministre a encore perdu 7 points dans les sondages et ne bénéficie plus que 21 % d’opinions favorables.

Jospin attaque

Il est vrai que si ce critère devait déterminer qui peut s’exprimer dans la campagne, la participation du chef de l’Etat lui-même pourrait être remise en cause. Jacques Chirac a, en effet, lui aussi chuté dans les sondages. Il a perdu 9 points et se retrouve désormais à 39 % de bonnes opinions. Cela ne l’empêche pas de continuer, à chaque occasion, de présenter sa vision de l’Europe et de mettre en valeur les enjeux liés à la ratification de la Constitution. Il a ainsi de nouveau appelé ses compatriotes à voter «oui» le 29 mai, en leur demandant de «ne pas céder à la tentation du repli» et «de faire le choix d’une Europe juste et puissante». Le président de la République s’est exprimé à Nancy, à l’occasion du 6e Sommet du Triangle de Weimar, durant lequel il s’est entretenu avec le chancelier allemand Gerhard Schröder et le président polonais Aleksander Kwasniewski, qui lui ont tous deux apporté leur soutien. Le président de la République doit aussi passer sur la chaîne de télévision RFO pour s’adresser directement aux téléspectateurs d’outre-mer sur la question du référendum.

Dans le même temps, les socialistes continuent à mobiliser toutes les bonnes volontés pour lutter contre la campagne en faveur du «non» menée par certains membres de leur Parti. Premiers secrétaires d’hier et d’aujourd’hui, main dans la main, Lionel Jospin et François Hollande ont fait meeting commun à Nantes. Et Jospin n’a pas fait mystère de son objectif : ramener dans le camp du «oui» les socialistes égarés par les arguments de Laurent Fabius, Henri Emmanuelli ou Jean-Luc Mélenchon qui se sont désolidarisés de la ligne du PS. Pour les convaincre, il n’a pas hésité à attaquer ces socialistes qui défendent le «non» en déclarant : «Je voudrais dire à ceux qui sont tentés par le ‘non’ qu’ils ont toutes les chances d’être trompés. Ils sont abusés pour voter ‘non’ et ils sont trompés s’ils votent ‘non’».  Et de conclure : «Le ‘non’ est une impasse, le ‘oui’ est un levier».

Jacques Delors, socialiste et ancien président de la Commission européenne, est lui aussi entré dans la bataille et n’a pas choisi non plus de ménager les adversaires du «oui». Il a ainsi accusé ceux qui défendent la thèse de l’existence d’un «plan B» en cas de rejet de la Constitution d’être «des singes savants qui veulent se rendre intelligents sur le sujet» et que «le devoir de vérité impose de dire qu’il ne peut y en avoir un [plan B]».

Face à ces attaques, Laurent Fabius, a répondu en insistant sur «la coupure» qui existe entre les dirigeants du PS qui sont pour le «oui» et la «base sociale» du parti «davantage pour le ‘non’». Arnaud de Montebourg a lui été plus incisif. Il a appelé les socialistes «à avoir la sagesse de se respecter dans leurs convictions». Et il a mis en garde : «La stigmatisation de part et d’autre devient inacceptable (…) Il faut qu’on se respecte car nous aurons besoin dans une semaine d’être tous rassemblés».


par Valérie  Gas

Article publié le 20/05/2005 Dernière mise à jour le 20/05/2005 à 19:09 TU