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Haïti

Opération de police meurtrière à Port-au-Prince

Le chef de la diplomatie américaine, Condoleeza Rice, a évoqué la possibilité d'envoi sur l'île de renforts de soldats de l'ONU.(Photo: AFP)
Le chef de la diplomatie américaine, Condoleeza Rice, a évoqué la possibilité d'envoi sur l'île de renforts de soldats de l'ONU.
(Photo: AFP)
Une opération musclée de police, samedi 4 juin, dans les bidonvilles de la capitale Port-au-Prince, dans le quartier de Bel Air, a fait plusieurs victimes. Deux morts, selon les Nations unies. Vingt morts, selon les familles des victimes. Cette intervention policières entre dans le cadre du durcissement de la lutte contre les gangs décrétée par le gouvernement après les violences de ces derniers jours.

Ce week-end a été sanglant dans les bidonvilles de la capitale Port-au-Prince en Haïti. Des interventions policières dans ces zones déshéritées, notamment dans le quartier de Bel Air ont fait plusieurs morts. Pour l’heure, personne n’est en mesure de fournir un bilan précis de l’opération menée pendant plus de trois heures par la police. Selon les Nations unies, deux personnes ont été tuées et trente-cinq interpellées dans ce quartier populaire où vivent 300 000 personnes. Des familles de victimes évoquent un bilan beaucoup plus lourd, jusqu’à vingt morts. Pour sa part, la morgue du principal hôpital de la capitale haïtienne affirme avoir enregistré, samedi, 17 corps. La veille, ce sont trois victimes qui ont été réceptionnées dans le même établissement.

Les autorités haïtiennes justifient l'action musclée de la police par l'existence de gangs, accusés de faire régner la terreur dans les cités pauvres de Port-au-Prince. Depuis quelques mois, la situation sécuritaire dans la capitale est en effet explosive. La police s’est refusée à tout commentaire sur cette opération qui survient quelques jours après l’attaque d'un marché et d’un commissariat du centre-ville par des hommes armés, qui a fait dix morts.

Une flambée de violence

Cette semaine encore, il y a eu une recrudescence de la violence à Port-au-Prince, le consul honoraire de France a ainsi été tué, mardi dernier, lors d’une agression et les actes de kidnapping contre rançon se sont multipliés, une quinzaine d’habitants ont été enlevés. Au cours des sept derniers mois, plus de 620 personnes ont été tuées par balles en Haïti, la plupart dans la capitale. Autant d'assassinats et de fusillades que l’on attribue à des bandes armées, favorables à l’ancien président Jean-Bertrand Aristide, dont bon nombre sont implantées dans ces quartiers très peuplés de Port-au-Prince, comme Bel-Air ou Cité-Soleil.

Face à cette insécurité, le ministre de la Justice Bernard Gousse a réclamé, vendredi, une présence permanente des soldats de l’Onu dans les quartiers chauds comme celui de Bel Air et dans les postes de police. Les ONG de défense des droits de l'homme accusent pour leur part la police haïtienne de traques, et plus grave, d'exécutions sommaires de partisans déclarés ou présumés de l'ex-président haïtien Jean-Bertrand Aristide, contraint à l'exil en Afrique du sud, depuis son éviction du pouvoir, ce que dément le gouvernement de transition.

La secrétaire d’Etat américaine Condoleeza Rice a évoqué, samedi 4 juin, la possibilité d'envoi en Haïti de renforts de soldats internationaux. Actuellement, 7 400 casques bleus de l'Onu sous commandement brésilien sont en activité dans le pays. Les Américains parlent également de revoir tout le dispositif mis en place dans la perspective des élections qui auront lieu à la fin de l’année. Trois consultations sont en effet prévues, le 9 octobre des élections locales, le 13 novembre, le premier tour d'élections présidentielles et législatives, et le 18 décembre le second tour de ces dernières élections.


par Myriam  Berber (avec AFP)

Article publié le 05/06/2005 Dernière mise à jour le 05/06/2005 à 17:50 TU