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Attentats de Londres

L’enquête semble s’accélérer

Très tôt mercredi matin, Scotland Yard a procédé à de nouvelles arrestations musclées et centre l’enquête sur un appartement du nord de Londres qui semble avoir été le repaire des kamikazes que la presse britannique qualifie déjà d’«usine à bombes».

«Quatre hommes ont été arrêtés ce matin dans le quartier de Haymills à Birmingham, en Angleterre, dans le cadre de l'enquête sur les attentats à la bombe manqués du 21 juillet à Londres», a annoncé la police. Scotland Yard a confirmé que l'un de ces hommes avait été immédiatement envoyé au commissariat de Paddington, dans le centre de Londres, où sont détenus les suspects majeurs de terrorisme, afin d’y être interrogé. Les trois autres ont été arrêtés un peu plus tard en un autre endroit de Birmingham, sur Bankdale Road, dans le quartier de Washwood Heath, selon les déclarations d’un porte-parole de la police locale à l’AFP; placés en détention dans les West-Midlands, ils vont être interrogés séparément.

L'homme transféré à Londres a été interpellé vers 04h30 (03h30 TU) sur Heybarnes Road, dans le quartier de Hay Mills. Il a apparemment cherché à résister aux policiers intervenant dans le quartier, et la police a eu recours à un taser gun, une arme de poing non-mortelle destinée à infliger des chocs électriques paralysants. «Aucun coup de feu n'a été tiré», a précisé la police. Les policiers auraient également découvert «un paquet suspect, et par mesure de précaution, une évacuation du voisinage a été effectuée», a ajouté un porte-parole de Scotland Yard. Des experts en déminage ont été dépêchés sur les lieux.

Scotland Yard avait par ailleurs publié un communiqué faisant état de l'interpellation, dans la gare de Grantham (centre), de deux autres personnes qui avaient quitté Newcastle (Nord) pour gagner Londres en train. Pour l’heure, la police n'a pas précisé si ces deux séries d'arrestations sont liées. S elon la BBC et Sky News, l'un des quatre hommes arrêtés à Birmingham serait l'un de ceux recherchés en liaison avec les attentats manqués du 21 juillet. Toutefois Scotland yard refuse les affirmations catégoriques, en déclarant que ces informations de presse sont des «spéculations», et le chef-adjoint de la police de West Midlands Stuart Hyde n'a pas voulu les commenter.

«une aide formidable de  la collectivité»

Mardi soir, Ian Blair se félicitait de ce que «L'enquête avan[çait] à une vitesse stupéfiante.» «Nous faisons un travail excellent», a déclaré le chef de la police à l'issue d'une journée où les enquêteurs avaient trouvé au 58 de Curtis house au nord de Londres, dans le quartier de New Southgate, et dans un garage attenant à l’immeuble, des traces d’explosifs et des produits chimiques. Depuis mardi, l’enquête est concentrée sur cette adresse passée au peigne fin, que la presse britannique appelle déjà l'«usine à bombes». L’adresse aurait été le repaire des fugitifs ayant tenté la seconde vague d’attentats le 21 juillet et, selon des témoignages de voisins, trois hommes parmi les quatre recherchés s’y seraient retrouvés après l’échec de la tentative. Une voiture a par ailleurs été saisie à proximité, une Volkswagen Golf blanche, qui aurait appartenu à un des auteurs recherchés. Scotland Yard ne cache pas son inquiétude: «Ils sont capables de tuer encore, ils ont le matériel pour, il faut les trouver».

La presse britannique révèle par ailleurs ce matin deux identités de terroristes présumés. Elles concerneraient un Somalien, Yacine Hassan Omar –arrivé à l’âge e 11 ans en 1992 et disposant d’un titre de séjour illimité depuis l’an 2000-, et celle d’un Erythréen, Mokhtar Saïd Ibrahim, vivant en Grande-Bretagne depuis son arrivée à l’âge de 14 ans et qui disposait de son passeport britannique depuis dix mois.

Ian Blair a déclaré par ailleurs mardi soir que «Pour l'un des kamikazes [du 21 juillet], c'est son propre père qui s'est manifesté et qui nous a dit: ‘voilà son identité, c'est mon fils’. C'est un acte courageux et terrible pour un père». Le patron de Scotland Yard a souligné que l’enquête recevait «une aide formidable de  la collectivité», ajoutant:  «Avant le 7 juillet, il y avait des gens au sein de la communauté musulmane qui vivaient dans le déni àpropos de la menace terroriste. Depuis ces gens sont passés de l'état de choc et d'incrédulité à une situation où ils s'engagement activement» pour lutter contre le terrorisme.

Londres… Charm El-Cheikh ?

Déterminé à mettre tout en œuvre pour pourchasser les terroristes, le Premier ministre britannique Tony Blair a déclaré, avec virulence, lors de sa conférence de presse mensuelle qu'il n'y avait «aucune justification pour les attentats-suicide, que ce soit en Palestine, en Irak, à Londres, en Egypte, en Turquie, aux Etats-Unis ou n'importe où. (…) Quelles que soient leurs excuses ou justifications, je ne pense pas que nous devons céder le moindre terrain» aux terroristes, a-il insisté, appelant à rejeter tout autant leurs «idées» que les «moyens» qu’ils emploient.

Mercredi après-midi, la police londonienne a annoncé, sans plus de détails, l’arrestation d’un autre homme à l'aéroport de Luton, au nord de Londres, en vertu de la législation antiterroriste. L’homme a été interpellé avant qu'il n'embarque à bord d'un avion à destination de Nîmes, dans le sud de la France. Après avoir été inspecté, l'avion a été autorisé à décoller, ajoute-t-on de même source. La police du Bedfordshire, responsable de l'arrestation de Luton, s'est en revanche refusé à tout commentaire sur un lien éventuel entre cette interpellation et l’opération Aethra, nom de code donné par Scotland Yard à l’enquête qui porte sur les attentats ratés du 21 juillet.

Enfin, mercredi après-midi également, des sources sécuritaires ont affirmé que les autorités égyptiennes avaient reçu une alerte sur d'éventuels attentats, quatre jours avant les attaques: «A la suite des derniers attentats de Londres, les services de sécurité égyptiens avaient reçu des informations selon lesquelles des attentats pourraient avoir lieu à Charm el-Cheikh, (et ce) quatre jours avant les trois explosions qui ont secoué la ville». Cette nouvelle donne pourrait aussi faire avancer l’enquête dans les deux pays concernés.


par Dominique  Raizon

Article publié le 27/07/2005 Dernière mise à jour le 27/07/2005 à 16:21 TU