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Grippe aviaire

L’Asie prend de nouvelles mesures d'urgence

Volaille sur un marché de Hefei (Est de la Chine), le 28 octobre dernier.(Photo: AFP)
Volaille sur un marché de Hefei (Est de la Chine), le 28 octobre dernier.
(Photo: AFP)
Les récents décès de deux Indonésiens et de trois Chinois relancent les inquiétudes sur une possible contamination humaine de grande ampleur. De son côté, le Vietnam exprime son inquiétude après le décès massif de volailles déjà vaccinées. Pour éviter tout risque de pandémie il s’impose de saisir le problème à la base à la fois en assainissant les zones contaminées et en vaccinant les volailles qui ne le sont pas. Le Vietnam alerte, quant à lui, sur le nécessaire renforcement du contrôle de la qualité des vaccins importés.

En Indonésie, «Nous avons reçu hier soir de l'Organisation mondiale de la santé la confirmation de deux morts supplémentaires causées par la grippe aviaire», a déclaré jeudi Ilham Patu, porte-parole de l'hôpital Sulianti Saroso de Jakarta, spécialisé en maladies infectieuses. Les deux femmes (16 et 20 ans) sont mortes de la grippe aviaire, alors que l'Onu et l'Union européenne pressent l'immense archipel de mieux coordonner sa lutte contre le virus. Selon un médecin du Centre national de coordination anti-grippe aviaire, dix-sept patients sont suspectés d'être infectés à Java et un dix-huitième à Bali.

La propagation de la maladie dans l'immense archipel et notamment dans la conurbation de Jakarta (plus de 20 millions d'habitants) inquiète l'ONU car le système de santé du pays et les structures vétérinaires sont notoirement déficients. L’Indonésie a tardé à plusieurs reprises à mettre en oeuvre les recommandations de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono a, quant à lui, appelé lundi à une «mobilisation nationale». La campagne inclurait des contrôles de porte-à-porte et le recours possible aux forces militaires pour contrôler la propagation du virus H5N1. «Jakarta doit développer la coordination de ses services pour combattre la maladie», a estimé mercredi Markos Kyprianou, commissaire à la Santé de l'Union européenne, ajoutant que si «l'abattage des oiseaux infectés était l’un des plus gros défis pour le gouvernement indonésien», la mesure, si elle était appliquée, serait très efficace.

Le Vietnam veut renforcer le contrôle de la qualité des vaccins importés de Chine

Au Vietnam, la «grippe du poulet» continue de s'étendre. Elle touche désormais 13 des 64 provinces du pays, a annoncé mardi le ministère de l'Agriculture. Les trois provinces nouvellement touchées sont celles de Bac Ninh, de Vinh Phuc et de Quang Ngai où des milliers de volailles sont mortes ou ont été abattues ces derniers jours. Les autorités ont décidé d'interdire, à partir de cette semaine, le transport, le commerce et l'abattage -à des fins de consommation- des volailles dans les grandes villes du pays, notamment à Hanoï et Ho Chi Minh-Ville, et de lancer une campagne nationale de décontamination des zones touchées.

Selon le ministère, environ la moitié des 220 millions de volailles du Vietnam ont été vaccinées depuis début septembre. Sans préciser leur nombre, un responsable du ministère de l'Agriculture a exprimé son inquiétude jeudi en déplorant le décès massif de volailles déjà vaccinées, et il a réclamé le renforcement du contrôle de la qualité des vaccins essentiellement importés de Chine. «Le Premier ministre Phan Van Khai a demandé mardi dans une directive aux services gouvernementaux de surveiller strictement les importations et de lutter contre leur contrebande», a affirmé Bui Quang Anh, directeur du département vétérinaire du ministère. «Les compagnies importatrices vietnamiennes autorisées doivent réexaminer leurs contrats et travailler avec leurs fournisseurs pour s'assurer de la qualité des vaccins importés», selon cette directive.

«Nous avons la preuve qu'en Chine aussi, le virus peut se transmettre à l'homme»

En Chine, jeudi 17 novembre, les médias d’Etat ont annoncé deux nouveaux foyers de grippe aviaire: l’un dans la province du Hubei (centre), l’autre dans la région de Xinjiang (nord-ouest), ce qui porte le nombre de foyers détectés en un mois à 13. Mercredi, le ministère de la Santé a confirmé les trois premiers cas humains de décès dus au virus mortel H5N1 : les victimes sont une femme, Zhou Maoya (24 ans), éleveuse de volailles dans une ferme de la province de l'Anhui (est) qui était tombée malade le 1er novembre; et deux enfants, un frère et une sœur, qui vivaient à Wangtan, un  village de la province du Hunan (centre). La fille, 12 ans, a été incinérée sans que l’on puisse procéder aux analyses, en revanche les analyses effectuées sur le garçon âgé de 9 ans ont confirmé le diagnostic.

«Nous avons la preuve qu'en Chine aussi, le virus peut se transmettre à l'homme (...) il est urgent d'accélérer le travail de prévention», a averti Zeng Guang, un expert du Centre national de prévention et de contrôle des maladies (CDC), dans une interview au Quotidien du Peuple. «Tant qu'il y a des foyers, des gens seront exposés. On peut tabler sur d'autres contaminations d'humains», a déclaré le représentant de l'OMS en Chine, Henk Bekedam, tout en indiquant que «ces premiers cas humains n'annonçaient pas forcément une épidémie».

Coordination chinoise des plans d’alerte et une approche pluridisciplinaire.

Jia Youling, qui dirige les services vétérinaires du ministère chinois de l'agriculture, a déclaré que le gouvernement central couvrirait 50 à 80 % du coût de la vaccination des quelque 14 milliards de volatiles par les autorités provinciales. Les autorités sanitaires fabriquent plus de 100 millions de doses de vaccins pour les volatiles quotidiennement, «mais, selon le ministère de l'Agriculture, certaines régions ne sont toujours pas approvisionnées»; et l’agence de presse Chine nouvelle n'a pas précisé le calendrier de cette campagne de vaccination. Le ministère chinois de l’Agriculture appelle par ailleurs «les services vétérinaires à se mobiliser et apporter leur assistance aux départements sanitaires pour repérer les foyers d’épidémie. (…) Les régions qui n’ont pas été touchées doivent se préparer, sur les plans des personnels et du matériel afin de prévenir la grippe aviaire». Parallèlement, tout un dispositif est mis en place pour traiter les foyers déjà détectés et endiguer la propagation du virus.

Le gouvernement local a rapidement déployé tout un arsenal, aidé par le ministère de l’Agriculture qui a envoyé des experts et des équipes de surveillance sur place dans la province d’Anhui. Des périmètres ont été établis dix kilomètres à la ronde, les zones désinfectées et les volailles abattues. De la même manière, dans la province du Hubei, où la grippe aviaire a été confirmée (662 oiseaux morts), et dans la région de Xinjiang (32 oiseaux morts), les oiseaux ont été abattus dans un rayon de 3 kilomètres: dans le Hubei, 2 722 oiseaux ont été abattus et 86 215 dans le Xinjiang.

En Europe, l’embargo sur les importations commerciales d’oiseaux captifs est prolongé

Par ailleurs, et toujours dans le cadre de la prévention, des responsables de la santé d’une quinzaine de pays des Balkans et de la Mer noire se réunissent samedi 19 novembre pour tenter de mettre en place un «réseau d’alerte et de surveillance». Depuis fin octobre, dans l'Union européenne, les particuliers sont autorisés à ramener jusqu'à cinq oiseaux sauvages de leurs voyages lointains à condition que les volatiles aient subi une période de quarantaine de 30 jours dans une liste approuvée de pays tiers, ou à défaut dans l'Etat membre de destination. Les mesures européennes prévoient également, comme alternative à la quarantaine, que les oiseaux peuvent être admis s'ils ont été vaccinés contre la grippe aviaire ou s'ils ont subi un test négatif à la grippe aviaire pendant une période d'isolement de dix jours avant le déplacement.


par Dominique  Raizon

Article publié le 17/11/2005 Dernière mise à jour le 17/11/2005 à 17:54 TU