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Chronique des matières premières

La géographie des flux gaziers en pleine recomposition en Asie

Dominique Baillard(Photo : RFI)
Dominique Baillard
(Photo : RFI)

Le gazoduc qui doit transporter le gaz iranien vers le nord de l’Inde et le Pakistan verra t-il le jour comme prévu en 2010 ? Les réunions tripartites qui commencent demain à Téhéran vont sans doute lever un certain nombre d’hypothèques qui pèsent sur ce projet cher aux trois pays et néanmoins encore bien fragile.

Pour démarrer comme prévu en 2007, le chantier doit commencer par répondre aux exigences techniques et tarifaires des deux parties. Une fois ces questions réglées, son avancée dépend d’un dossier diplomatique qu’aucun des trois ne maîtrise tout à fait : comment sera résolue la crise nucléaire qui oppose l’Iran à l’Occident ? En cas de blocage, l’Inde comme le Pakistan se risqueront-ils à conclure un accord avec un pays acculé devant le Conseil de sécurité des Nations Unies, cloué au pilori par la première puissance mondiale ?

En visite dans ces deux pays, le président américain Georges Bush n’a exprimé aucune objection formelle au gazoduc, ce qui constitue en soi un progrès, puisque jusqu’alors l’administration américaine s’était publiquement prononcée contre. Face à toutes ces inconnues, Islamabad comme New Delhi multiplient les initiatives pour assurer leur approvisionnement énergétique, une question qui semble encore plus cruciale pour l’Inde, concurrencée par la Chine dans la course à l’énergie.

Dans l’espoir d’obtenir un peu du gaz birman produit au large de l’Arakan, à l’ouest de la Birmanie, les dirigeants de la première démocratie du monde sont prêts à pactiser avec la dictature militaire de Rangoon : la semaine dernière le président indien Abdul Kalam a effectué la première visite d’Etat en Birmanie depuis l’arrivée des généraux en 1962.

Au menu des discussions : le gazoduc qui doit relier les deux pays via le Bangladesh. Excédés par les retards provoqués par les atermoiements de Dacca, les Birmans ont fini par signer un accord préliminaire avec les Chinois pour la construction d’un gazoduc reliant la province du Yunnan à l’ouest birman. Stressée à l’idée d’être doublé par Pékin, New Delhi envisage un nouveau tracé en contournant ce voisin jugé trop chicaneur.

Et enfin pour parer à toutes les éventualités, à savoir un échec avec l’Iran comme avec la Birmanie, l'Inde se tourne vers le Turkmenistan, un autre fournisseur de gaz en pleine ascension. Une délégation indienne de haut rang a été envoyée à un rendez-vous déterminant pour la recomposition de la géographie du gaz : le rendez-vous d’Ashgabat, la capitale turkmène où Afghans et Pakistanais discutaient de leur tuyau, le TAP, le sigle reprenant les initiales des trois pays associés. Une venue appréciée des protagonistes qui estiment que sans la participation indienne, le projet pourrait bien péricliter, entre autres, faute de moyens financiers.



par Dominique  Baillard

[13/03/2006]

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