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Editorial politique

Jean Lassalle : un jeûne volontaire et efficace…

Patrice Biancone(Photo RFI)
Patrice Biancone
(Photo RFI)

Depuis 38 jours, à l'Assemblée Nationale, le siège 467 est vide. Pour trouver celui qui l'occupe habituellement, il faut aller dans la salle des 4 colonnes, là-même où représentants du peuple et journalistes se rencontrent pour échanger des informations. Un lieu où l'on cause de tout et de rien. Un lieu où les élus lâchent les petites phrases qui font le régal des gazettes et qui permettent, quelquefois, de faire avancer les causes que l'on défend trop souvent sans résultats ailleurs.

Les 4 colonnes, comme on dit, servent tout simplement de caisse de résonance. Et c'est pour cela que Jean Lassalle, ce béarnais têtu, locataire depuis 2002 du fameux siège 467, y a élu domicile. Une autre façon de faire de la politique en observant une grève de la faim sous les yeux de ceux dont le métier est de rapporter et qui rapportent tant et si bien que ce député UDF des Pyrénées-Atlantiques est devenue une particularité nationale et qu'il en train d'obtenir ce qu'il réclamait en vain depuis longtemps par des moyens plus traditionnels : c'est-à-dire, la non-délocalisation de l'usine Toyal qui emploie 150 personnes dans son canton d'Accous, vers le bassin industriel de Lacq situé 65 km plus loin, sur un terrain qui appartient au groupe pétrolier Total... Que voulez-vous, quand on est Béarnais et que l'on a tété la mamelle rugby, on n'oublie pas qu'il n'y a pas d'engagement moral s'il n'y a pas d'engagement physique. Jean Lassalle a perdu 25 kilos assis sur sa banquette. Mais a gagné en sagesse et en notoriété tout en observant les va-et-vient de ses collègues ; leur façon de faire de la politique qu'il juge irrémédiablement datée et inefficace face aux défis du nouveau siècle.

C'est donc là, aux 4 colonnes, que Jean Lassalle a suivi le débat sur le CPE. C'est là qu'il a répété, jour après jour, combien serait catastrophique, pour sa vallée d'Aspe en voie de désertification, le départ de l'usine Toyal. C'est là, également, qu'il a reçu le soutien de François Bayrou, son chef de file et celui d'autres députés. C'est enfin presque là, en réalité dans son bureau, et entre deux visites médicales, qu'il a eu la surprise de voir débarquer Dominique de Villepin resté longtemps silencieux sur le sujet et d'entendre, au téléphone, le président Chirac lui signifier sa «mobilisation» sur ce dossier, ce qui équivaut à dire que l'on est mieux entendu en dehors de l'hémicycle qu'à l'intérieur.

C'est tout simplement la victoire du spectaculaire, pour ne pas dire du spectacle - ce qui ne serait pas politiquement correct -, sur la politique. C'est la preuve indiscutable qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans notre république. Un symptôme supplémentaire du mauvais fonctionnement de nos institutions.



par Patrice  Biancone

[14/04/2006]

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