Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Chronique des matières premières

La flambée du brut : des causes qui font débat

Dominique Baillard(Photo : RFI)
Dominique Baillard
(Photo : RFI)

Si les Etats-Unis venaient à intervenir militairement en Iran, le baril de brut dépasserait allègrement la barre des 100 dollars. Et si le détroit d’Ormuz était bloqué, alors le baril irait, pourquoi pas, jusqu’à 150 dollars. Ces hypothèses dont les médias sont friands relèvent de la spéculation intellectuelle, corollaire de la spéculation bien réelle que les fonds pratiquent sur les marchés pétroliers et qui sont accusés d’orchestrer la frénésie des cours. La vraie question qui se pose, avec un baril qui a franchi hier à Londres le seuil des 74 dollars pendant la séance, estime Régis Collieux, analyste pour BNP Paribas, c’est de savoir si les positions haussières prises par les investisseurs seront justifiées dans les trois mois qui viennent. En clair, est-ce que les facteurs qui sous tendent la hausse sont correctement évalués ? Et là-dessus, notre interlocuteur va décevoir les amateurs de sensations fortes : « il n’y a pas de réponse définitive », considère t-il en s’empressant d’instiller le doute en examinant à la loupe les facteurs de la hausse actuelle. Concernant la faiblesse des stocks américains d’essence il constate qu’elle frappe essentiellement l’essence «reformulée», c’est-à-dire l’essence contenant un additif pour répondre aux normes environnementales.

Or, les raffineurs amenés à modifier leur mélange pour s’adapter aux nouvelles normes chercheraient aujourd’hui à vendre ce carburant, pendant qu’il est temps, plutôt qu’à gonfler les stocks en augmentant une production qui sera bien vite invendable sur le marché américain. Une interprétation des derniers chiffres publiés qui, si elle est validée par le marché, entraînerait une correction sensible des prix. Sur la crise iranienne, l’analyste de BNP Paribas considère que le risque de conflit armé n’est pas négligeable. On voit mal en effet les Etats-Unis accepter qu’un Etat détienne l’arme nucléaire dans une zone qui concentre 70% des réserves mondiales d’or noir. Même si l’élimination du danger que ferait peser la présence de l’arme atomique dans la région devait coûter quelques points de croissance à l’économie mondiale. Quant au pétrole, dans ce cas, son prix pourrait bien exploser. Il se peut aussi que l’intervention n’ait jamais lieu, en tout cas pas cette année. Restent alors les doutes sur l’équilibre entre l’offre et la demande. Actuellement l’offre répond « juste » à la demande, si les nouvelles capacités attendues n’arrivent pas à temps, la production ne suffira pas pour suivre l’accélération prévue de la consommation, une situation similaire à celle de 2005 à la même époque, jusqu’à ce les ouragans ôtent un million 500 000 barils par jour à l’offre globale. Un scénario qui pourrait se reproduire en 2006 et aggraver la crise de l’offre.

La chronique est suspendue jusqu’au lundi 8 mai



par Dominique  Baillard

[21/04/2006]

Chronique des matières premières : les précédent(e)s








Les derniers éditos et chroniques (texte)

Chronique des matières premières


Chronique des médias


Chronique ACP


Chronique armée-défense