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Chronique des matières premières

Le recyclage des métaux suit les contours de la mondialisation

Dominique Baillard(Photo : RFI)
Dominique Baillard
(Photo : RFI)

Dans le bureau du directeur de la société française Malco, spécialisée dans le recyclage des non ferreux, les cotations de la bourse des métaux de Londres défilent en permanence sur un écran géant. « Une tonne de cuivre de bonne qualité, témoigne le directeur Marc Natan, se vend au prix du marché de Londres. Pour une qualité moindre qui ne comporterait que 95% de métal rouge, l’acheteur paiera 93 à 94% du cours officiel ». Comme les groupes miniers, ces spécialistes des métaux profitent à fond de la hausse actuelle. Une situation somme toute assez récente: ce sont les achats de la Chine qui ont propulsé le scrap, terme anglais qui désigne les chutes émanant de l’industrie ou de la récupération au rang de matière première secondaire. Les Chinois apprécient ces métaux recyclés remis en circulation avec une deuxième fusion nettement moins coûteuse en énergie que la première. Considérant que le scrap est une source d’approvisionnement comme une autre, ils ont accepté de le payer au prix du marché fixé à Londres, ce qui n’était pas l’avis des clients européens.

Traditionnellement orientés vers les Etats-Unis qui offrent des délais de transport plus courts, ces gros clients asiatiques sont aussi preneurs de la matière recyclée en Europe. Une région où l'offre est moindre, à l'image de l'activité économique. Car l’évolution du secteur est directement liée au dynamisme de l'économie selon Marc Natan qui est aussi président de la division des métaux non ferreux du Bureau international du recyclage. Les sites de récupération des métaux suivent l’industrialisation de la planète. Malco appartient au groupe Ecore qui se développe constamment en direction de l’est : d’abord présent en France, puis en Hongrie, en Roumanie, en Turquie et récemment en Chine. « Les chutes issues de la démolition sont encore limitées dans ces zones, en revanche celles de l’industrie croissent puisque ces pays sont en pleine expansion », précise Marc Natan. Enfin les délocalisations ont aussi contribué à cet essor du recyclage à l’est. Du coup les entreprises européennes qui utilisent du scrap se battent pour limiter les exportations vers les pays tiers. Hors de l’Union européenne, la Russie de Poutine a pris les devants en fermant ses frontières à l’exportation de cette matière qu’elle pourrait bien avoir besoin d’importer d’ici peu. Du côté des consommateurs, on retrouve le même souci de contrôler un commerce florissant. Pour exporter en Chine il faut être enregistré auprès de l’administration. L’Inde s’apprête à mettre en place un bureau équivalent pour faire le tri parmi des déchets hétéroclites. Alimentés en partie par l’Iran et l’Irak, les affineurs indiens ont eu quelques soucis au moment de la fusion : le métal explosait, et pour cause, des munitions étaient disséminées dans les conteneurs qui leur étaient livrés !

par Dominique  Baillard

[16/05/2006]

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