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Editorial politique

Le hasard et la nécessité

Patrice Biancone 

		(Photo RFI)
Patrice Biancone
(Photo RFI)

François Hollande ne regrette pas de s'être déplacé en Algérie. Il a été reçu au moins comme un Premier ministre, et ce voyage au cours duquel il a eu en face de lui les plus hauts dirigeants du pays, lui a permis de montrer publiquement qu'il peut, comme d'autres, représenter avantageusement, sinon toute la France lorsqu'il est en déplacement, du moins le Parti socialiste, parti qui serait selon son premier secrétaire, «attaché» à la conclusion du futur traité d'amitié entre l'Algérie et la France dont la signature était prévue en 2005, mais qui a été reportée en raison, on s'en souvient de la polémique provoquée par la loi du mois de février de la même année, loi dont un des articles mentionnait le rôle «positif» de la colonisation. Les responsables socialistes, faut-il le préciser, étaient en désaccord avec le gouvernement. Ils étaient même favorables à l'abrogation pure et simple. D'où la proposition de François Hollande, faite à l'occasion de ce déplacement. En cas de victoire de la gauche l'année prochaine, le PS aura une démarche fondée sur la vérité et le respect, a-t-il expliqué, la vérité étant de dire ce qu'est la colonisation, ce qu'elle a produit, c'est-à-dire finalement, une exploitation, une domination, une occupation...

Voilà, nous sommes effectivement très loin du positionnement de ceux qui ont fait voter la loi en question et il semble évident que, désormais, les socialistes entendent prouver que, pour eux, le retour sur le passé n'est pas un exercice de mortification mais plutôt le passage nécessaire  pour un examen lucide du passé commun. Autrement dit, François Hollande s'est posé en meilleur ami de l'Algérie. Et les responsables algériens, au premier rang desquels le président Bouteflika et le chef du gouvernement Abdelaziz Belkhadem, en meilleurs amis des socialistes français, sans doute pour énerver un peu plus la majorité et pour rappeler ce qu'à d'ailleurs fait Abdelaziz Belkhadem, que les Algériens, et dans tous les cas le FLN et le pouvoir, attendent des excuses de la France pour «les méfaits commis sous la colonisation». C'est la condition sine qua non pour une normalisation estime monsieur Bouteflika qui a donné «ostensiblement», aurait dit Jean-Pierre Raffarin, une accolade prononcée à François Hollande à sa sortie du palais du peuple.

Sans doute cette invitation du FLN, lancée au premier secrétaire du Parti socialiste français avait-elle un but bien précis, un but politique. Celui de mettre la pression sur Jacques Chirac, et sur Nicolas Sarkozy, appelé non encore officiellement par les militants de l'UMP à lui succéder et actuellement présent (quel hasard !) au Maroc pour participer à la conférence sur les migrations clandestines à laquelle justement l'Algérie n'a pas voulu se joindre, malgré les demandes répétées et insistantes de Paris et de Madrid. Une décision qui a conforté les Marocains dans leur certitude qu'Alger «instrumentalise» l'immigration notamment à propos des enclaves espagnoles de Ceuta et Mellila prises d'assaut depuis plusieurs mois par des centaines de réfugiés venus d'Afrique subsaharienne. Mais, là encore, François Hollande est d'accord avec le président Bouteflika: l'approche des Européens en général et des Français en particulier du problème de l'immigration est trop sécuritaire et trop chiche dans ses efforts pour soutenir financièrement les pays africains, ce qui semble tout à fait essentiel.

par Patrice  Biancone

[11/07/2006]

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