Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Editorial sports

Zizou l’enchanteur

Gérard Dreyfus 

		(Photo RFI)
Gérard Dreyfus
(Photo RFI)
Incompréhensible, inexplicable et, surtout tellement inattendu. La France hébétée a suivi dimanche dernier le coup de tête de Zinedine Zidane sur Marco Materazzi . Interloqués. Nous étions tous interloqués. Interdits, muets devant l’acte de celui qui n’avait cessé d’être depuis tant d’années encensé, adoré, idolâtré. Ce soir du 9 juillet, Z comme Zorro a brutalement jeté le masque et offert un visage qu’on lui connaissait mais qu’on avait tôt fait d’oublier, lui qui faisait rêver aussi bien les Français que le reste de la planète. Quelques heures auparavant, la presse du monde entier le louangeait, l’encensait, le portait aux nues. Plus brillant que les autres étoiles. Magique parmi les magiciens. Prodigieux parmi les faiseurs de miracles. Le talent, l’élégance du geste, la perfection de ses arabesques, l’envoûtement qu’il dégageait de son art si finement ciselé. Ses adversaires lui déroulaient le tapis rouge ; «avec lui, disait l’un, tu vois la balle, tu ne la vois plus, tu vois la balle, tu ne la vois plus…». «Tu lui envoies un boulet, ajoutait un autre, il te renvoie une caresse». «Contre Zidane, enchérissait un troisième, vous n’avez qu’une chose à faire, prier. D’abord il t’embrasse, ensuite il t’expédie en enfer». Ni tout à fait ange, ni tout à fait démon. Chacun d’entre nous a sa face visible et sa face cachée. On l’avait trop vite pris pour un saint, un intouchable. On avait oublié ses coups de sang sur les terrains, et il y en a eu. Il lui était déjà arrivé de disjoncter, de péter les plombs. L’image de l’homme lisse, sur lequel tout passe était trop polie pour être tout à fait réelle. Zidane était – puisqu’il faut désormais parler du footballeur au passé – était aussi ce teigneux qui réplique dès qu’il a le sentiment d’une injustice, d’une provocation. Mais il nous avait tous envoûté. Le juger serait inutile. Il sait bien que son geste est inexcusable .Il l’a confessé Il en est et en sera la première victime. Réfugié dans les vestiaires quand ses coéquipiers se battaient encore avec l’énergie du désespoir. Réfugié ensuite dans son propre malheur à dix petites minutes de la fin d’une carrière commencée il y a presque vingt ans. Malheureux Zidane comme tous ceux – et ils sont des millions et des millions partout dans le monde - qui l’ont tant aimé. Zidane est comme vous et moi avec ses contradictions, ses générosités et ses emportements, sa part d’humanité tout simplement. Un homme comme le sont tous les hommes, avec un don en plus, celui de Zizou l’enchanteur. Ce don qui, pour beaucoup, les a convaincus qu’il était un être à part, une sorte de Dieu vivant à l’abri de tous les péchés. Rares sont ceux qui tendent l’autre joue quand ils ont reçu une gifle. A force de déifier nos champions d’exception, faute de mieux, c’est nous qui nous sommes mis hors jeu. Coupable, innocent ? A vous de juger, en votre âme et conscience.

par Gérard  Dreyfus

[15/07/2006]

Editorial sports : les précédent(e)s

Au revoir

[29/12/2007]



Jamais

[15/12/2007]


Déclinologue

[08/12/2007]


Porte-maillot

[01/12/2007]




Les derniers éditos et chroniques (texte)

Chronique des matières premières


Chronique des médias


Chronique ACP


Chronique armée-défense