Guerre au Liban
Chypre noyée sous le flot des réfugiés
(Photo : AFP)
Une semaine après le début des opérations d’évacuation des étrangers du Liban, des milliers de personnes continuaient, samedi et dimanche, d’être rapatriées ou d’arriver en transit à Chypre. Selon les autorités chypriotes, près de 70 000 personnes sont attendues dans les prochains jours, en plus des 11 500 qui y sont déjà passées depuis le début de l’offensive israélienne, le 12 juillet. Chypre, dont la population ne dépasse pas un million d'habitants et dont les infrastructures sont limitées, éprouve des difficultés de logistique à faire face à cet afflux, d’autant que la saison touristique a commencé. Il n’y a plus aucun lit de libre. Les écoles, les universités et les casernes ont été réquisitionnées. Quelque 2 500 Américains ont été accueillis dans un camp de fortune installé sur le champ de foire de Nicosie.
Depuis le début des bombardements israéliens, le port de Larnaca est devenu la plaque tournante des opérations internationales d’évacuation par mer sans compter l’aide humanitaire qui transite vers le Liban. Sur les 8 000 Français qui ont demandé à partir, près de 3 000 ont pu regagner la France après une escale sur l’île de Chypre. Près de 6 000 Suédois, 4 000 Allemands et autant de Britanniques ont également transité par le port chypriote. Les Etats-Unis ont annoncé, pour leur part, avoir évacué quelque 4 000 Américains dans les dernières vingt quatre heures, ce qui porte à plus de 8 000 le nombre de ses ressortissants qui ont quitté le pays du Cèdre. Alors que la France et les Etats-Unis entendent continuer leurs opérations la semaine prochaine, la Grande-Bretagne et l’Australie ont bouclé leur dispositif d’évacuation.
La Syrie par voie de terre
Dans la seule journée de dimanche, quelque 10 000 personnes sont attendues à Chypre. Quatorze navires qui effectuent des rotations entre Beyrouth et l’île méditerranéenne sont attendus à quai dans les ports de Larnaca et Limassol ces prochaines heures. Des navires battant pavillon italien, britannique et grec ont aussi jeté l'ancre à Chypre durant la nuit, chargés de passagers de nationalités diverses, souvent très fatigués et ébranlés par ce qu'ils ont vécu. Côté français, quatre bâtiments de la Marine sont mobilisés dans le cadre de ce dispositif. La ministre française de la Défense Michèle Alliot-Marie est arrivée précisément à Chypre dimanche à bord d'un des navires participant à ces opérations. Elle a indiqué qu’il restait «près de 400 Français dans les régions sud, pour lesquelles la France allait, dans les heures et les jours qui viennent, mettre une opération en place».
Face à cet afflux de réfugiés, l’Union européenne se dit prête à aider Chypre. La Finlande, qui assure la présidence tournante de l'UE, s'est engagée à mettre à disposition des avions pour participer au rapatriement de milliers de personnes originaires de pays qui n’ont pas dans l’immédiat la possibilité de le faire : les Philippines, le Sri Lanka et l’Inde. Dès dimanche, une équipe d’experts qui devrait coordonner l’accueil et le transport de ces réfugiés va s’envoler pour Nicosie. Si les infrastructures de Chypre sont fortement sollicitées, de nombreux étrangers transitent aussi par la Turquie ou la Syrie. Les autorités turques ont recensé 1 500 arrivées entre vendredi soir et samedi, principalement des Australiens, des Canadiens et des Suédois, arrivés dans le port de Mersin, sur la Méditerranée. D’autres ont rejoint la Syrie par voie de terre. L’Espagne et la Russie ont choisi d’organiser les rapatriements via la Syrie. Au total, depuis une semaine, près de 25 000 étrangers ont déjà quitté le pays du Cèdre.
par Myriam Berber (avec AFP)
Article publié le 23/07/2006Dernière mise à jour le 23/07/2006 à TU