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Editorial politique

L’effet Jean-Jacques Servan-Schreiber

Patrice Biancone 

		(Photo RFI)
Patrice Biancone
(Photo RFI)

Jean-Jacques Servan-Schreiber était un homme de presse. Mais il était aussi, et c'est moins évident dans la mémoire collective, un homme politique. Un peu président du parti radical. Un peu député. Un peu président de la région Lorraine. Et un peu ministre, éphémère ministre, de Valéry Giscard d'Estaing qu'il avait connu à l'école Polytechnique et qui lui avait confié le portefeuille des Réformes. Jean-Jacques Servan-Schreiber représentait à l'époque une certaine modernité que l'on retrouve en condensé dans son livre Le défi américain, qui a longtemps servi de référence parce qu'il était visionnaire et parce qu'il accordait une place majeure à l'esprit, à l'aptitude de l'homme à réfléchir et à créer...

Imaginez un peu, en 1967, Jean-Jacques Servan-Schreiber expliquait déjà aux Français que la force moderne, c'était la capacité d'inventer, c'est-à-dire la recherche, et la capacité d'insérer des inventions dans les produits, c'est-à-dire la technologie. Des thèmes qui sont encore d'actualité aujourd'hui et dont nos candidats à l'élection présidentielle se sont emparés sans que l'on sache si oui ou non, une fois élus, ils mettront en oeuvre ce qui est nécessaire à l'amélioration de la situation du pays: on se souvient des crédits de la recherche coupés par le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin et de la polémique qui a suivi....

En réalité, c'est la rencontre avec Pierre Mendès-France qui sera décisive pour Jean-Jacques Servan-Schreiber. Elle sera à l'origine de la fondation de l'Express, en 1953, alors que la question de la décolonisation divise la France. Jean-Jacques Servan-Schreiber, avec à ses côtés Françoise Giroud, défendra bec et ongle celui qu'il considère alors comme le seul homme capable de sortir la France de l'enlisement et de la médiocrité.

Les choses ne se dérouleront pas tout a fait comme il le souhaitait, mais il restera de cette aventure journalistique comme une empreinte sur la jeunesse de l'époque, un goût pour les combats les moins évidents, une faculté de se révolter contre le prévisible et le normatif. Albert Camus, Jean-Paul Sartre, André Malraux et François Mauriac signeront dans les colonnes de cet hebdomadaire qui subira censures et saisies, ce qui ne fera que conforter sa réputation et augmenter son tirage: l’Express était en phase avec son temps, ni plus, ni moins. Un mythe pour notre profession qui n'a jamais retrouvé cette qualité éditoriale. C'était aussi ça, l'effet Jean-Jacques Servan-Schreiber...


par Patrice  Biancone

[07/11/2006]

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