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Etats-Unis

Perpétuité pour un soldat US

Steven Green, 21 ans, lors d'une opération en Irak. Il a été inculpé le 4 juillet aux Etats-Unis de viol et de meurtre dans la même affaire. 

		(Photo : AFP)
Steven Green, 21 ans, lors d'une opération en Irak. Il a été inculpé le 4 juillet aux Etats-Unis de viol et de meurtre dans la même affaire.
(Photo : AFP)
Suite à la comparution de huit soldats américains devant une cour martiale, l’un d’entre eux, James Barker, a été condamné jeudi soir à 90 ans de prison pour avoir participé au viol et au meurtre d’une jeune Irakienne âgée de 14 ans. Il s’agit de la peine la plus lourde jamais prononcée contre un soldat américain engagé en Irak. Trois autres hommes sont accusés d’avoir participé à l’assassinat de cette jeune fille et de sa famille. Et, dans le cadre d’une affaire distincte, les quatre soldats présentés le même jour devant la même cour martiale, risquent également la prison à perpétuité.

Un viol, des tortures, des assassinats : depuis le début de la guerre en Irak, plusieurs scandales liés à des exactions sur des civils ont terni la réputation de l’armée américaine. James Barker, un des quatre soldats américains accusés du viol et du meurtre d’une jeune fille et de l’assassinat de membres de sa famille -le père, la mère, et la petite sœur de 5 ans- en mars dernier à Mahmoudiya (à 30 km au sud de Bagdad), a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité avec la possibilité de remise en liberté conditionnelle. Cette condamnation est intervenue après deux jours d’audience devant une cour martiale de Fort Campbell (Kentucky).

Le quadruple meurtre avait, dans un premier temps, été attribué à des milices irakiennes, avant qu’une autre version des faits n’apparaisse le 20 juin à l’occasion d’une opération militaire de «debriefing sur le stress au combat». En vertu d’un accord passé avec l’accusation, James Barker a négocié l’assurance de rester en vie : il a plaidé coupable et témoigné contre ses coaccusés pour échapper à la peine de mort. En revanche, les deux autres soldats membres de la même 101e division aéroportée ainsi qu’un ancien militaire, qui ont comparu tous les trois le même jour que James Barker, risquent la peine de mort. Il s’agit du sergent Paul Cortez, qui a refusé de plaider et du soldat première classe Jesse Spielman, qui devrait être inculpé en décembre.

Le meneur présumé des soldats impliqués dans cette affaire, l’ancien soldat Steven Green, 21 ans, qui a été inculpé le 4 juillet dernier, a été présenté la semaine dernière devant un juge fédéral de Louisville dans l'Etat du Kentucky. L’armée l’avait renvoyé pour «troubles psychologiques» avant même la révélation de l’affaire. Il a plaidé non coupable devant un tribunal fédéral qui le poursuit notamment pour «meurtre et agression sexuelle». Le parquet doit décider s’il requiert la peine de mort contre lui.

Cette condamnation est le dernier épisode d’une longue série de scandales. Quatre soldats, impliqués dans l’assassinat de prisonniers irakiens lors d’un raid contre des militants d’al Qaïda près de Samarra (nord de Bagdad) en mai dernier, ont commencé à comparaître devant la même cour martiale du Kentucky. Ils risquent également la perpétuité.

La sanction la plus lourde prononcée jusqu’à présent

Ces exactions s’ajoutent à liste de toutes celles qui ont nourri la colère des Irakiens contre le comportement de certains soldats du contingent américain. Plusieurs Marines sont soupçonnés d’avoir tué de sang froid au moins 24 civils. Mercredi dernier, un Marine de 20 ans, qui avait lui aussi plaidé coupable à la suite d’un accord avec l’accusation, a été condamné à 18 mois de prison ferme pour le meurtre d’un civil irakien le 26 avril dernier à Hamdania, au nord de Bagdad. Une affaire pour laquelle huit militaires au total ont été inculpés en juin. Par ailleurs, six Marines sont accusés d’avoir agressé des civils irakiens dans la même ville quinze jours plus tôt et devraient être jugés prochainement.

Les exécutions militaires sont rares. La condamnation à perpétuité avec possibilité de réduction de peine en appel constitue la sanction la plus lourde prononcée jusqu’à présent contre un soldat américain depuis le début de la guerre en Irak. Faut-il y voir, de la part de la justice américaine, une volonté d’envoyer un message ferme aux troupes sur le sol irakien ? Toujours est-il que le président George W. Bush vient d'être confronté aux électeurs américains, lesquels ont clairement exprimé le souhait d’un changement de cap politique au Moyen-Orient.



par Dominique  Raizon

Article publié le 17/11/2006 Dernière mise à jour le 17/11/2006 à 18:27 TU