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Editorial politique

La tragique histoire de Bouna et Zyed

Patrice Biancone 

		(Photo RFI)
Patrice Biancone
(Photo RFI)

Qui se souvient de Bouna Traore et de Zyed Benna ? Ces deux noms rappellent-ils quelque chose à tous ceux qui vivent en France ? Sans doute pas. Pourtant, Bouna Traore et Zyed Benna sont les deux adolescents électrocutés dans un transformateur EDF à Clichy-sous-Bois un certain 27 octobre 2005. Un événement tragique qui provoqua les émeutes qui secouèrent le pays un mois plus tard, c'est-à-dire en novembre, et firent la une des journaux du monde entier. Un évènement qui consacra sans doute la rupture d'une certaine jeunesse avec Nicolas Sarkozy, considéré dès lors comme un ministre de l'Intérieur soucieux de la seule répression, ce dont il ne se remet toujours pas puisque tous les sondages indiquent que cet électorat, l'électorat jeune comme on dit, lui préfère d'autres candidats.

On se souvient en effet que le ministre de l’Intérieur s'était empressé de couvrir ses policiers. Le 30 octobre précisément, et sans attendre l'enquête, il les avait mis hors de cause en expliquant qu'il n'y avait pas eu de course-poursuite, ce que dément le rapport de l'IGS, la police des polices, qui avait été saisie et qui vient de conclure son travail en mettant très sévèrement en cause le comportement, je cite «d'une légèreté et d'une distraction surprenante» de certains policiers. 

Sont-ils dès lors coupables de non-assistance à personne en danger ? C'est au magistrat chargé du dossier de le dire, mais déjà, à la lecture du rapport de l'IGS, on peut se faire une idée de ce qui s'est réellement passé ce 27 octobre. Il y aurait bien eu tentative de vol sur un chantier privé. Bouna Traore et Zyed Benna auraient bien été poursuivis, à deux reprises, par des policiers de la BAC, ce qui les aurait poussés à se réfugier sur le site EDF où ils ont trouvé la mort.

Le problème central soulevé par l'IGS serait donc celui de l'inaction des policiers à ce moment là. Conscients du danger et parlant même du risque mortel que couraient les deux adolescents, les messages radios en attestent, ils n'ont pas pour autant contacté les responsables du site ce qui aurait pu éviter l'accident, mentionne l'IGS. Voilà qui relativise les affirmations de l'époque du ministre de l'Intérieur. Et voilà qui relance la volonté des familles d'obtenir une sanction contre les policiers présents sur les lieux au moment du drame. Après avoir pris connaissance du rapport de l'IGS, elles ont décidé de déposer une nouvelle plainte contre X  pour mise en danger délibérée de la vie d'autrui.

A quelque jours de la date limite des inscriptions sur les listes électorales, certains y voient un élément en faveur de l'éveil de la conscience politique des jeunes de banlieue et de la prise de conscience des responsables qu'il existe bien un nouvel électorat qui pourrait changer la donne, ce qui reste à démontrer par les urnes.


par Patrice  Biancone

[08/12/2006]

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