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Chronique des matières premières

L’Opep se réunit au Nigeria en proie aux pénuries d’essence !

Dominique Baillard 

		(Photo : RFI)
Dominique Baillard
(Photo : RFI)

Abuja déroule son tapis rouge pour les 11 pays membres de l’organisation des pays exportateurs de pétrole attendus aujourd’hui pour une réunion décisive. On statuera sur une réduction supplémentaire de la production. Le président Obasenjo accueille en personne les ministres présents dans l’un des grands hôtels de la capitale. Une magnificence qui détonne avec le souci numéro un des Nigérians : trouver de l’essence. Le carburant a commencé à manquer en début de semaine chez le premier producteur d’or noir du continent africain. Depuis lundi des queues se forment devant les stations service. Près de Port Harcourt, la capitale nigériane de l’or noir, le prix du litre d’essence s’est envolé à la pompe, il a allégrement dépassé le plafond fixé par le gouvernement à 65 Nairas et certaines pompes ont déjà fermé faute d’approvisionnement. C’est le comble du Nigeria. Comme l’Iran, ce pays n’est pas autosuffisant en carburant, il dépend de l’extérieur pour la moitié de ses besoins. Les raffineries existent, mais une seule est encore en service, les autres ont arrêté leur activité faute de maintenance.

La possession d’une station service est un signe extérieur de richesse très recherché au Nigeria, c’est aussi un bon moyen de gagner facilement de l’argent, parfois en mélangeant le carburant avec un peu d’eau pour tirer les prix ; en revanche l’investissement à long terme exigé par le raffinage n’attire pas foule, d’où la déshérence des équipements existants. Dans l’urgence, pour soutenir le pouvoir d’achat saigné par la hausse du brut qui se répercute à la pompe, le gouvernement a lancé un fond de soutien en janvier dernier. Mais la publication du budget 2007 a sonné le glas de cette politique solidaire. Les subventions destinées à maintenir un prix raisonnable pour l’essence et le pétrole lampant, deux carburants indispensables à la vie quotidienne, ont diminué de moitié, alors que les fonds disponibles pour 2006 sont toujours bloqués à la banque centrale. Les compagnies, déçues de ne pas recevoir les subventions promises pour maintenir le prix à un niveau abordable, ont tout simplement préféré arrêter d’importer. D’où la pénurie actuelle. La crise de l’essence pourrait se transformer en crise sociale : les foyers sont déjà étranglés par la dérégulation du prix du gasoil en vigueur depuis deux ans, qui a notamment fait grimper en flèche le prix du poisson, car il faut beaucoup de carburant pour aller pêcher en mer.

Les syndicats ont prévenu : si cette coupe budgétaire n’est pas rapidement corrigée la grève générale sera décrétée, une hypothèse peu souhaitable à quelques mois des élections. Du point de vue de la rue nigériane, difficile donc de comprendre la position du ministre du pétrole, Edmond Daukoru, qui défend au sein de l’Opep une nouvelle réduction pour maintenir les cours du brut au-dessus des 60 dollars, mais on occulterait alors une autre réalité du pays : 80% des revenus de l’Etat proviennent du pétrole.


par Dominique  Baillard

[14/12/2006]

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