Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Chronique des matières premières

El Niño fait chuter la récolte de cacao

Dominique Baillard 

		(Photo : RFI)
Dominique Baillard
(Photo : RFI)

Comme beaucoup de matières premières agricoles le cacao subit déjà les conséquences du passage d’El Niño. Ce courant marin, réapparu cet automne dans les mers chaudes du Pacifique, bouleverse la météo en Indonésie, le quatrième producteur mondial de cacao. Il a engendré la sécheresse dans la province de Sulawesi, ce qui diminue la taille et le nombre des cabosses contenant les fèves. Effet inverse, à Bahia, pour un résultat similaire : au Brésil, El Niño a provoqué des pluies abondantes en automne, ce qui a gâté la formation des fruits. L’Equateur devrait également en pâtir. L’Afrique de l’Ouest est épargnée par ce courant perturbateur, mais l’harmattan, qui balaie la Côte d’Ivoire et le Ghana, n’a pas dit son dernier mot. Sa puissance risque d’abîmer les cabosses et, tant que le vent n’est pas tombé, la pluie se fait attendre, d’où les inquiétudes sur le niveau de la récolte intermédiaire.

A ces avanies climatiques, il faut ajouter, pour la Côte d’Ivoire, un paramètre économique : les ventes d’intrants ont chuté de 30% en 2006, les vergers ne pourront donc compter que sur leurs forces pour donner. Ce panorama mondial, détaillé dans le rapport mensuel de la banque Fortis, débouche sur une prévision de déficit pour la campagne en cours : 130 000 tonnes de cacao manqueront pour couvrir la demande mondiale. Un négociant européen partage ce diagnostic, il est même encore plus alarmiste : d’après lui, le déficit pourrait atteindre 200 000 tonnes de cacao, car au moment où l’offre s’affaisse, la demande se réveille. Les chocolatiers n’ont jamais vu pareil appétit pour la fève, notamment de la part des pays émergents où le marché est encore peu développé.

Pour le moment, New York et Londres, les deux marchés à terme où est coté le cacao, ne réagissent pas encore à ce déséquilibre, le marché du cacao est encore le jouet des fonds qui n’ont cure d’El Niño ou de la gourmandise de la nouvelle classe bourgeoise russe ou chinoise. Les cours pourraient s’envoler quand les faiblesses de la récolte intermédiaire seront patentes. Car les stocks détenus par l’industrie représentent seulement trois à quatre mois de consommation. Certains auront du mal à tenir jusqu’au début de la prochaine campagne, en octobre 2007. Pour l’année suivante, les analystes de Fortis prévoient un retour à la normale avec un léger excédent ; «absurde», commente notre opérateur qui estime qu’il est beaucoup trop tôt pour se prononcer. La semaine dernière, à Londres, le cacao livrable en mars cotait 880 livres la tonne, soit 1 336 euros.


par Dominique  Baillard

[29/01/2007]

Chronique des matières premières : les précédent(e)s








Les derniers éditos et chroniques (texte)

Chronique des matières premières


Chronique des médias


Chronique ACP


Chronique armée-défense