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Chronique des matières premières

Les promesses du jatropha

Dominique Baillard 

		(Photo : RFI)
Dominique Baillard
(Photo : RFI)

Plus le prix de l’huile monte plus l’intérêt pour le jatropha grandit dans l’hémisphère Sud. Car l’huile tirée des graines de cet arbuste pourrait fournir un biocarburant meilleur marché que celui qu’on fabrique actuellement à partir des huiles de palme ou de colza. Pour l’instant il n’existe pas de marché et encore moins de production à grande échelle du jatropha, mais les projets fleurissent partout où les terres désertiques favorables à cette culture abondent. L'Inde est l'un des précurseurs, des plantations sont également développées dans le reste de l'Asie, en Amérique du Sud et aussi en Afrique.

Biocarburant

Au moment où l’envolée des matières premières agricoles semble de plus en plus menaçante pour la sécurité alimentaire, la graine de cet arbuste, connue jusqu'alors pour ses vertus médicinales, offre de nombreux atouts. Non comestible, son huile employée dans la filière biocarburant contribuera à faire retomber la pression sur les huiles de cuisine. Par ailleurs comme cette plante pousse volontiers sur les terres arides, elle n’entre pas en concurrence avec les cultures vivrières. Avantage écologique enfin : alors que le palme a entraîné une déforestation massive en Asie, le jatropha apparaît au contraire comme un agent efficace de lutte contre l’érosion.

A Madagascar où les plantations essaiment depuis deux ans, le gouvernement en a fait un outil au service du reboisement. Sur la grande île de l'océan Indien le jatropha poussait jusqu'alors à l’état sauvage, il servait de tuteur pour les vanilliers ou bien de haie de clôture pour les troupeaux. «C’est parce que la plante était déjà connue localement que la société britannique D1 Oils a décidé de s’implanter à Madagascar explique Sally Ross, sa représentante sur place. Mais cela ne suffit pas pour assurer son développement. En amont, ajoute notre interlocutrice, une législation favorable au biocarburant et un régime foncier rassurant pour les investisseurs sont d'autres éléments indispensables».

Mille dollars la tonne

A Tananarive le Parlement examinera prochainement le projet de loi sur l'énergie verte. En aval les coopératives de production ont été équipées en presse semi-industrielle, l’huile pourrait ensuite être exportée pour l'estérification. Pourquoi pas vers l'Afrique du Sud où quatre unités de biocarburant vont ouvrir avant la fin de l’année. Quant au marché il reste à construire, le prix pressenti en Europe se monte à 500 dollars la tonne d'huile, c'est-à-dire largement au dessous de l'huile de palme, de loin la moins chère. Seul signe tangible de l'effervescence du secteur : en Indonésie le prix des semences s'envole, la tonne de cette graine soudain très recherchée coûterait jusqu'à 1 000 dollars.


par Dominique  Baillard

[04/04/2007]

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