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Editorial politique

Débauchage et marchandage : les deux mamelles de l’élection

Patrice Biancone 

		(Photo RFI)
Patrice Biancone
(Photo RFI)

C'est chaque fois la même chose. Les hommes arrivent, et quelle que soit l'époque, ils pensent toujours qu'ils peuvent tout inventer. C'est illusoire. Tout juste la preuve qu'à défaut de pouvoir faire original, ils préfèrent oublier, perdre les expériences de leurs aînés, pour ensuite mieux les réinventer, une fois qu'elles sont tombées dans l'oubli, et nous les vendre comme des premières mains.

Or l'histoire n'attend personne et donner un nouveau nom aux choses n'a jamais changé leur nature profonde. Ainsi en politique, nous parle-t-on aujourd'hui d'ouvertures, qui ont connu de beaux jours sous l'appellation d'alliances.

Ainsi nous promet-on désormais de gouverner avec un vrai sens du réel, alors qu'auparavant on le faisait seulement avec pragmatisme, un mot qui a disparu du vocabulaire de la campagne, mais qui veut dire sensiblement la même chose.

Ainsi, enfin, assiste-t-on aux premiers ralliements d'après premier tour, qualifiés de rassemblement alors qu'ils s'assimilent étrangement aux débauchages et aux marchandages du passé. Il suffit de penser à la spectaculaire apparition d'Eric Besson à Dijon pour s'en persuader. Voilà un homme qui après avoir quitté le PS en claquant la porte, a rejoint Nicolas Sarkozy et a été invité à s'exprimer, hier soir, pour se livrer à une autocritique hallucinante, devant des militants UMP stupéfaits, de sa participation à ce qu'il a appelé «l'entreprise de diabolisation du candidat UMP menée par le PS». Dans ce cas précis, les socialistes ne parlent pas d'ouverture, mais de vengeance d'Eric Besson. Pour eux, l'homme est passé du statut de chiffreur de la campagne de Ségolène Royal, au statut de «dénicheur de traîtres» pour Nicolas Sarkozy. Et après ça, allez dire qu'il y a une nouvelle façon de faire de la politique...

L'enjeu donc depuis dimanche soir, c'est le rassemblement et plus précisément, ce sont les électeurs de François Bayrou. 18,5% des voix. C'est beaucoup. Ca peut tout simplement faire la différence selon qu'elles se reportent sur Ségolène Royal ou Nicolas Sarkozy.

Les deux candidats n'ont donc pas perdu de temps. L'UMP a choisi la stratégie de l'assèchement en incitant, y compris par des pressions, les députés UDF à se prononcer pour son candidat. Et Ségolène Royal a proposé un débat public, transparent et ouvert sur la rénovation de la politique, l'Etat impartial et les libertés publiques, ce qui ne rend pas tous les socialistes heureux.

Deux candidats, deux méthodes pour capter les voix centristes. Et comme la maison UMP veut avant tout rassembler sans exclusive pour mieux gagner, plutôt que d'inviter l'exilé suisse Johnny Hallyday hier soir à Dijon, elle a préféré s'attacher les services d'Enrico Macias, l'ex-supporter de François Mitterrand qui n'a pas hésité à chanter avec le talent inimitable qu'on lui connaît: 

«De Passy à Belleville, toi Sarko je suis bien dans tes bras

Toi Sarko, je suis bien dans tes bras...»

Bien sûr, nous ne ferons pas de commentaires.


par Patrice  Biancone

[24/04/2007]

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