Santé
27 millions d'enfants européens trop gros
(Photo : AFP)
Le problème de l’obésité ne se pose pas en terme d’esthétique mais de santé publique. L’Organisation mondiale de la Santé en train de mettre au point une référence de croissance internationale pour les écoliers et les adolescents. D’après ses dernières estimations, au moins vingt millions d’enfants de moins de cinq ans étaient victimes de surpoids en 2005.
«Autrefois considérés comme des problèmes propres aux pays à haut revenu, le surpoids et l’obésité augmentent de façon spectaculaire dans les pays à faible revenu, surtout en milieu urbain», insiste l’organisation internationale. Or, souligne cette dernière, «le risque de maladies chroniques augmente progressivement au-delà d’un indice de masse corporelle (IMC*) de 21». Les médecins estiment à près d’un tiers la population infantile, victime de ce fléau en Europe, et s’alarment du nombre toujours grandissant d’enfants et d’adolescents trop gros pour leur jeune âge.
«C’est un chiffre extraordinaire auquel il faut ajouter trois cent mille enfants obèses de plus chaque année», a insisté Tim Lobstein, représentant de l’organisation internationale pour l’étude de l’obésité, basée à Londres (OIEO). Comment s’attaquer au phénomène pour éviter qu’il continue à prendre de l’ampleur et comment soigner les cas d’obésité déclarés ? En fait, répond Tim Lobstein : «La communauté scientifique en sait peu sur la prévention de l’obésité chez l’enfant. (…) Nous nous sommes peut-être trop concentrés sur l’enfant et pas assez sur son environnement».
Selon une récente étude conduite en Grande-Bretagne et en Finlande sur plus de 40 000 personnes (étude parue en avril dans la revue Science, aux Etats-Unis), la variation d’un gène spécifique accroît fortement les risques d’être obèse. Mais, combien même il existerait une composante génétique, les nutritionnistes considèrent encore que la cause fondamentale de la pathologie est attribuée à une mauvaise hygiène de vie et à trop de sédentarisation. Selon les médecins, l’obésité est essentiellement liée à un déséquilibre énergétique entre les calories consommées et celles dépensées. Riches et pauvres, toutes les couches sociales sont concernées par une alimentation peu saine et mal équilibrée, un manque d’exercice et trop de temps passé devant l’ordinateur et la télévision.
Au final, en Suède par exemple, «les enfants, et en particulier les filles, ont grossi dans des proportions significatives : les filles de quatre ans ont six fois plus de risques d’être obèses aujourd’hui qu’il y a vingt ans», selon une étude publiée dans la revue médicale scandinave Acta Paediatrica. Toutefois, «le nombre d’enfants âgés de 6 à 10 ans et présentant des problèmes de surpoids ou d’obésité a diminué de 6% en quatre ans dans les écoles où viennoiseries, bonbons et boissons sucrées ont été bannies», rapporte une étude menée par, l’institut médical Karolinska basé à Stockholm.
«Le mode d’allaitement peut avoir des effets de ‘programmation’ à long terme»
Au Royaume-Uni, où un enfant ou adolescent sur trois est victime de surpoids ou d’obésité, le diététicien Paul Sacher (University College of London) a élaboré un programme multiforme axé sur l’amélioration de l’environnement du malade, qui combine, pour réduire la masse graisseuse excédentaire, menus personnalisés et exercice. La France occupe une position intermédiaire dans la prévalence de l’obésité infantile. Néanmoins, avec 4% d’obèses et 18% de jeunes en surpoids, la France doit se préoccuper car le chiffre a doublé en vingt ans, selon un constat rendu public le 31 mars 2005 par le projet Epode Ensemble, prévenons l’obésité des enfants qui rassemble pouvoirs publics, professionnels de la santé et de l’enseignement et parents.
Des chercheurs de l’université de Munich (Allemagne), sous la conduite de Berthold Koletzko, ont révélé qu'en abaissant la teneur en protéines des laits infantiles, on peut diminuer le risque du nourrisson d’avoir des problèmes de poids au cours de sa croissance. Neuf cent quatre-vingt-dix bébés et petits enfants ont été suivis entre octobre 2002 et juillet 2006 pour le Programme de l’Union Européenne sur l’obésité infantile. Au terme d’une vaste étude comparative faite entre nourrissons élevés au lait maternel et d’autres avec des laits riches puis non riches en protéines, les chercheurs ont conclu qu’il était «fondamental de promouvoir et d’encourager l’allaitement maternel et en parallèle d’améliorer la composition des laits maternisés et de recommander les formulations les plus adaptées» Les résultats n’ont pas encore étés publiés mais pour le chercheur, ils «confirment une fois de plus que le mode d’allaitement peut avoir des effets de ‘programmation’ à long terme sur le développement précoce et la santé future d’un enfant».
De son côté, la restauration rapide, souvent accusée de servir des repas trop gras, poursuit l’amélioration nutritionnelle de ses produits en modifiant ses huiles de cuisson. A titre d’exemple, la chaîne de restauration américaine Mac Donald’s consomme, en France, environ onze mille tonnes d’huile chaque année pour cuire ses produits en restaurant. A cela, il convient d’ajouter, selon le groupe, les fournisseurs de produits frits qui utilisent le même type d’huile qu’en restaurant pour leur pré-friture. Au total, les besoins de la chaîne de restauration américaine en France s’élèvent au total à dix sept mille tonnes par an. Le groupe a annoncé que, début mai, «une nouvelle huile, riche en acide oléique, réduisant à un très faible niveau les acides gras saturés». La chaîne de restauration franco-belge Quick a fait une annonce analogue, en lançant une huile devant permettre une réduction de 75% des acides gras saturés.
par Dominique Raizon
Article publié le 26/04/2007 Dernière mise à jour le 26/04/2007 à 15:09 TU
* L’indicateur de masse corporelle ou IMC est égal, pour un adulte, à la masse (exprimée en kilogrammes) divisée par le carré de la taille de la personne exprimée en mètre.