Les ferrailleurs aspirent à plus de reconnaissance

Dominique Baillard
(Photo : RFI)

Collecter les déchets pour produire de la matière première. C’est ainsi que Pascal Secula, le président de la Federec, (1) la fédération qui chapeaute toutes les sociétés françaises de recyclage, définit actuellement un métier longtemps décrié. Pollueur, parfois receleur : les qualificatifs péjoratifs qui colle à la profession sont difficiles à gommer dans l’imaginaire collectif mais les chiffres issus du réel que fournit la fédération brosse un tout autre portrait de cette industrie. En 2006, 40 millions de tonnes de déchets ont été collectés en France, 32 millions de tonnes ont été transmutées en matières premières dites secondaires. Premier point à souligner : pour les utilisateurs ces matières recyclées sont devenues indispensables. Au niveau mondial, 40% des matières premières consommées sont issues de la récupération. En France, certaines industries sont largement dépendantes de ces producteurs du troisième type. C’est le cas de l’industrie papetière, les machines outils conçues pour fabriquer du carton d’emballage fonctionnent avec du papier recyclé et non avec du bois. Dans la sidérurgie, toute la filière électrique repose sur la ferraille, l’acier ainsi produit est surtout employé dans la construction. Deuxième constat mis en avant par les recycleurs : la production de matières secondaires est nettement moins énergivore que la production de matières premières. Pour le papier l’économie est de 64%, pour l’acier de 74%, et de 95% pour l’aluminium.

Dernier point à souligner : le quart de la production est exportée. Le marché mondial est un débouché indispensable à cette industrie, sans cette ouverture, ces entreprises qui produisent plus que ce que peut absorber la demande intérieure, seraient condamnées. C’est aussi cette adéquation au marché mondial qui a fait la fortune des recycleurs de métaux, de papier ou de ferrailles, trois catégories de produits dont les cours ne cessent de progresser ces dernières années. Le dynamisme va même au-delà de leurs espérances : pour les non ferreux, l’éclatement de la bulle annoncée pour 2006 n’a toujours pas eu lieu, quant à la ferraille, la vague de restructuration qui a donné naissance à de nouveaux géants de l’acier n’a eu aucun impact sur les prix. Seule ombre au tableau : la nouvelle législation sur le transport transfrontalier de déchets qui entrera en vigueur la semaine prochaine dans l’Union européenne. Elle exigera une plus grande transparence sur les chargements. Si les recycleurs se disent prêts à relever le défi de la traçabilité, ils craignent que les informations commerciales confidentielles fournies ne mettent en péril leur négoce en tombant dans le domaine public.

(1) Federec : Fédération de la Récupération, du Recyclage et de la Valorisation

par Dominique  Baillard

[05/07/2007]