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Chronique des matières premières

Les ressources naturelles, bouclier de la junte birmane

Dominique Baillard 

		(Photo : RFI)
Dominique Baillard
(Photo : RFI)

Le rubis, le saphir ou le jade font la fortune et la gloire de la Birmanie depuis des siècles. La moitié des pierres rouges commercialisées aujourd’hui dans le monde sont issues de ce pays. C’est bien sûr une source appréciable de devises pour les généraux au pouvoir. Les ventes aux enchères qu’ils organisent à leur convenance attirent essentiellement la clientèle asiatique, les Chinois pour le jade impérial et la Thaïlande pour les cailloux. Mais ce qui a donné un nouveau souffle à la junte birmane, c’est surtout l’exportation des matières premières recherchées par les Etats voisins en pleine croissance économique. Le teck qui est transformé en Chine et, bien sûr, le pétrole et le gaz.

Lors des évènements de 1988, l’Inde avait pris le parti de l’opposante Aung San Suu Kyi. Un engagement qui s’est rapidement dissous dans les intérêts économiques du sous-continent. Craignant de voir la Chine siphonner sous son nez le gaz et le pétrole birman, l’Inde s’est mise à courtiser le régime de Rangoon depuis une quinzaine d’années. Le ministre indien des Affaires étrangères déclarait ce mardi avoir renouvelé les pressions sur son voisin birman alors que la semaine précédente le ministre indien de l’Energie était sur place pour évoquer de nouveaux projets.

 Pour la Thaïlande, l’ambiguïté est encore plus grande. Le pays accueille les réfugiés birmans, mais c’est grâce au gaz extrait dans le sud de la République de Myanmar qu'une partie des centrales électriques tournent en Thaïlande. Si Bangkok renonçait à ses importations de gaz, la Birmanie serait privée de près de la moitié de ses revenus d’exportation, une arme que la Thaïlande se gardera bien de dégainer car elle perdrait ainsi 20% de sa production électrique.

La Chine apparaît comme le seul pays réellement en mesure de faire plier la dictature militaire mais là encore ses intérêts stratégiques l’emportent sur la situation des citoyens birmans. Outre les contrats gaziers et pétroliers déjà signés, Pékin voit surtout dans son voisin occidental le plus court chemin pour accéder à l’océan Indien. La construction d’un oléoduc entre la baie du Bengale et le Yunnan permettrait d’acheminer le brut du Moyen-Orient sans faire le détour, jusqu'à maintenant incontournable, par le détroit de Malacca. Les généraux birmans ont bien compris la puissance économique et stratégique que leur confèrent leurs ressources naturelles. Peut-être l'ont-ils même surévaluée. En décidant à la mi-août une augmentation drastique du prix du gaz et du carburant, ce sont eux qui ont allumé le feu de la révolte.


par Dominique  Baillard

[03/10/2007]

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