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Chronique des matières premières

Le pétrole du Kurdistan irakien dans un étau

Dominique Baillard 

		(Photo : RFI)
Dominique Baillard
(Photo : RFI)

En moyenne, 200 000 barils de pétrole sortent quotidiennement du Kurdistan irakien, contre deux millions de barils pour l'ensemble du territoire irakien. Autant dire une goutte d’huile sur le marché mondial. Mais sur des places financières survoltées, la moindre velléité guerrière fait grimper les cours, surtout quand elle émane de la poudrière du Moyen-Orient. Hier lundi, le cours du pétrole a dépassé les 85 dollars suite aux menaces de la Turquie. Le seul pays par lequel sort le pétrole du Kurdistan, grâce à l’oléoduc Kirkouk-Ceyhan, envisage d’envahir son voisin où sont réfugiés les opposants armés du PKK. Les va-t-en-guerre d’Ankara font bondir les marchés pétroliers et laissent les acteurs du marché physique assez dubitatifs. Ils ne croient pas que la Turquie prendra le risque d’une opération désapprouvée par son allié américain.

D'ailleurs les affaires continuent : la Somo, la société nationale irakienne, seule habilitée à exporter le brut irakien, va lancer un appel d’offres dans les prochains jours pour commercialiser sur le marché mondial le Kirkouk, le brut kurde. Comme si de rien n’était. Ou plutôt comme si tout allait pour le mieux, l’oléoduc trop souvent immobilisé par des sabotages, fonctionne régulièrement en ce moment. A la plus grande satisfaction des deux entités qui surveillent la production de la province comme le lait sur le feu : La Somo d’un côté, qui représente les intérêts de l’Etat irakien, et le gouvernement régional du Kurdistan de l’autre, qui aspire à un plus grand contrôle de sa production et de ses revenus. Pour s’affranchir de Bagdad, le Parlement kurde a approuvé cet été à l’unanimité une loi pétrolière donnant aux autorités de la province la liberté de délivrer des licences et d’exporter sans passer par Bagdad. Dans la foulée, quatre sociétés ont décroché des permis d’exploration-production. Dont la société franco-britannique Perenco et la Hunt Oil, une compagnie établie au Texas célèbre pour ses investissements audacieux.

Ces sociétés pourront-elles sortir d'Irak le pétrole extrait ? Rien n'est moins sûr, pour le ministère du Pétrole qui n'a pas validé ces contrats, ils sont illégaux, pas question donc de laisser ces sociétés exporter librement leur production. Pour sortir de l'impasse, il faudrait que la loi pétrolière irakienne passe enfin devant le Parlement, on attend ce vote depuis six mois maintenant. Mais son examen pourrait être explosif,  déjà le ministère du Pétrole souhaite d'abord réviser la Constitution qu'il trouve trop ambiguë sur la gestion de la rente pétrolière. Ce bras de fer entre le Kurdistan et le gouvernement central, voilà qui semble aux observateurs du marché potentiellement beaucoup plus dangereux que les tensions actuelles avec la Turquie.


par Dominique  Baillard

[16/10/2007]

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