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Chronique des matières premières

L’Opep, une puissance immobile

Dominique Baillard 

		(Photo : RFI)
Dominique Baillard
(Photo : RFI)

En plein brouillard sur l’évolution de la demande, les pays membres de l'Opep réunis aujourd’hui à Vienne se sont bien gardés d’augmenter leur offre comme les supplient les pays consommateurs. Le cartel répète ad libitum que la hausse phénoménale du pétrole qui a propulsé le baril jusqu'au seuil des 100 dollars, relève de la spéculation, voire de la psychologie. L’organisation n’en joue pas moins un rôle prépondérant dans la détermination des prix, en rapport avec l’évolution de son poids sur le marché.

Quatre barils sur dix sont fournis par les treize pays membres du cartel. En 2008, l’Opep sera le plus grand contributeur à l’amélioration de l’offre en produisant 1,4 million de barils supplémentaires par jour contre 600 000 seulement pour les autres pays pétroliers. Par ailleurs, les pays membres n’ont jamais gagné autant d’argent. 560 millions de dollars en 2007, trois fois plus qu'en 2002.

Mais cette puissance retrouvée est aujourd’hui mise à l’épreuve par une série de tiraillements contradictoires. Le premier tiraillement est externe. D’un côté, la récession menace d’escamoter la demande plus vite qu’une augmentation de l’offre des pays de l’Opep ne pourrait le faire. Cette hypothèse plaide en faveur du statu quo pour éviter un effondrement des prix. De l’autre, l’élection présidentielle américaine soumet les producteurs de l’Opep à de fortes pressions. Le gouvernement Bush exhorte ses alliés du Golfe à augmenter leur offre, le repli des cours escompté mettrait ainsi en veilleuse le débat sur la cherté de l’énergie devenue l’un des thèmes de la campagne. Délicat de ne pas satisfaire le pays qui est encore le premier client du marché.

Quant aux tiraillements internes, ils sont connus : aux modérés, partisans d’une ligne souple, s’opposent les radicaux, le Venezuela et l’Iran, dont le train de vie souffrirait si le baril venait à retomber en dessous des 80 dollars. Ils exigent déjà une réduction de l’offre pour le printemps. Pour résoudre ces antagonismes, le véritable patron de l’Opep, l’Arabie Saoudite, pourrait être tenté par des réglages discrets de l’offre. En augmentant ses livraisons au-delà des quotas qui lui sont alloués comme il le fait depuis plusieurs mois.


par Dominique  Baillard

[01/02/2008]

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