Riz: confiance brisée

Dominique Baillard
(Photo : RFI)

Depuis le début de l’année, le prix du riz a augmenté de 60% sur le marché de Chicago. Mais c’est en Asie, là où cette céréale est la plus consommée, et la plus exportée vers les pays de l’hémisphère sud, que la hausse est la plus spectaculaire. 

En Thaïlande, le premier pays producteur et exportateur au monde, le cours de la tonne de riz a franchi le seuil symbolique des 1 000 dollars la semaine dernière. Elle en valait à peine 500 en début d’année.
Cette explosion des cours, bien tardive au regard des performances enregistrées par les autres céréales dès 2007, était néanmoins tout à fait prévisible.

Les grands pays exportateurs, voyant leurs stocks s'amenuiser, ont quasiment cessé d’exporter depuis juin dernier afin de protéger leur marché intérieur. C'est le cas de l'Inde et du Vietnam. Cette contraction du volume disponible s’est accélérée au printemps.

L’Egypte a emboîté le pas, puis le Cambodge. Depuis belle lurette, il n’y a plus que la Thaïlande qui est en mesure de fournir des grains.

Selon Patricio Mendez del Villar (chercheur au CIRAD), de la crise de l’offre, le marché est passé aujourd’hui en pleine crise de confiance. La panique s’est emparée des opérateurs la semaine dernière quand ils ont constaté que les Philippines, une fois de plus, ne parvenaient pas à acheter les quantités escomptées.

Le gouvernement de Manille, le premier importateur au monde de riz, était prêt à acquérir 500 000 tonnes de riz, il a reçu des propositions pour 325 000 tonnes seulement, à un prix exorbitant.

Comme chaque fois que les prix montent, par crainte de manquer les pays importateurs augmentent leur demande, bien au-delà de leurs besoins réels, ce qui fait monter la pression sur un marché déjà hyper tendu.

Quant aux producteurs, des petits paysans aux négociants, tous ont tendance à retenir la marchandise en espérant des prix encore plus élevés. On n'ose espérer une baisse des prix tant que l'offre ne parviendra pas à satisfaire la demande, or depuis dix ans la consommation augmente plus vite que la production.

par Dominique  Baillard

[21/04/2008]