Chronique des matières premières
Installé dans la zone des 110 dollars depuis quelques semaines seulement, le baril de pétrole s’est envolé hier au-dessus de la ligne des 120 dollars sur le marché de New York. Un nouveau record de hausse qu’on explique d’abord par les tensions géopolitiques immédiates.
Dimanche au Nigeria, grand fournisseur du marché américain, les rebelles ont lancé de nouvelles attaques contre les installations pétrolières de Shell. Tandis que le même jour en Iran, deuxième pays exportateur de l’Opep, le guide suprême de la république islamique a durci le ton à l’égard de l’occident en affirmant que son pays ne renoncerait pas à son programme nucléaire.
Ces escarmouches font monter la pression mais elles ne justifient pas vraiment un tel niveau de prix, car l’offre n’a été amputée ni par les déclarations du dirigeant iranien ni par les sabotages des rebelles.
Ce qui se passe actuellement sur le marché du pétrole relève d’un mouvement purement technique, mis en place depuis que le seuil des 100 dollars a été atteint au début du mois de janvier, selon l’analyste Olivier Jakob.
Chaque record symbolique provoque une correction qui se métamorphose en tremplin pour un nouveau rebond, un nouveau record. Celui d'hier a pris son élan, non pas suite aux troubles mentionnés, mais dès jeudi, quand le baril frôlait les 110 dollars.
Le fond de pension californien Calpers aurait par ailleurs augmenté son exposition aux matières premières en augmentant sa participation dans l’indice de Goldman Sachs majoritairement indexé sur le marché à terme du pétrole. En fin de semaine l’information a circulé comme une traînée de poudre dans les salles de marché, accélérant un mouvement déjà bien entamé.
Cette dynamique financière a encore de beaux jours devant elle, à moins qu'une nouvelle hausse brutale conjuguée à un dollar renforcé ne soient fatals à la demande, cela donnerait au marché le signal du repli. Plusieurs pays commencent à prendre des mesures drastiques pour réduire leur consommation. En Syrie le prix du mazout a triplé depuis ce week end ; l'Egypte et l'Indonésie envisagent également de réduire les subventions aux carburants.
par Dominique Baillard
[06/05/2008]
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