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Chronique des matières premières

L’huile frelatée en provenance d’Ukraine indigeste pour le marché

Dominique Baillard 

		(Photo : RFI)
Dominique Baillard
(Photo : RFI)

Il y a quinze jours, les consommateurs européens apprennent que de l’huile de tournesol frelatée a été importée d’Ukraine. Les risques sont limités : le taux d'hydrocarbures décelé est trop faible pour être nocif à la santé, et puis les quantités concernées – 40 000 tonnes – sont minimes (on importe en Europe des millions de tonnes d’huile brute). En France comme en Espagne, les lots suspects ont été bloqués avant d’atteindre les distributeurs. Promptement gérée, l’affaire semble rapidement circonscrite. Pourtant la tâche de l’huile frelatée n’est toujours pas effacée de la mémoire du marché, elle réapparaît même dans des pays où on ne s’y attendait pas.

Les Grecs ont découvert, il y a quelques jours seulement, que cette huile est en circulation dans leur pays. En Espagne, un pays très marqué par plusieurs scandales d’huiles contaminées, la tâche s’incruste. En 1981, de l’huile de colza frelatée provoque la mort de plus d’un millier de personnes, depuis elle a quasiment disparu de la vente.

Les producteurs d’huile de tournesol en pleine négociation avec les agriculteurs, qui s’apprêtent à semer, redoutent que ces derniers passent à une autre culture de peur que l’oléagineux ne soit à son tour condamné par la contamination ukrainienne. Les producteurs d’huile d’olive se réjouissent, avec le battage médiatique autour du tournesol, le marché de l’olive a grimpé. Quant au milieu du négoce, il s'interroge : sur l'origine volontaire ou non de la contamination, sur la qualité des contrôles effectués en Ukraine et même sur la quantité concernée, on murmure qu'elle serait trois à quatre fois plus élevée que ce qui avait été annoncé.

Des incertitudes à lever au plus vite pour détendre un marché déjà hypertendu par l'insuffisance de l'offre. Car hormis l'Ukraine, qui a par ailleurs limité ses exportations, il n'y a que l'Argentine à même de fournir de l'huile de tournesol. Et là-bas, la grève des producteurs complique les exportations. Les prix en Europe n'ont pas fini de grimper. Sur le marché papier utilisé par les fabricants pour se couvrir, la tonne vaut 1 990 dollars pour une livraison rapprochée. Mais sur le marché physique, la marchandise livrable en juin est introuvable.


par Dominique  Baillard

[13/05/2008]

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