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Chronique des matières premières

Le pétrole, pas encore rare mais déjà trop cher

Dominique Baillard 

		(Photo : RFI)
Dominique Baillard
(Photo : RFI)

Jamais le pétrole n’a été aussi cher, à plus de 130 dollars le baril, il vaut deux fois plus qu’il y a un an. Est-il rare pour autant ? Pas du tout, du moins si l’on observe le marché spot où l’on achète du brut pour une livraison immédiate. Les Iraniens par exemple ne savent que faire de leur pétrole sulfuré qui dort dans des tankers en attendant de trouver preneur. Mais la léthargie du marché physique n’a pas de prise sur les marchés à terme où l’on cote le pétrole pour des livraisons futures. Depuis le début de la semaine, le baril de brut s’envole à New York comme à Londres. Comme s’il y avait péril en la demeure. Les analystes vedettes, très écoutés par les traders, sont convaincus que le pétrole va manquer dans cinq ans. C'est pourquoi ces nouveaux gourous tablent sur un baril entre 150 et 200 dollars cette année.

Le danger, c’est-à-dire la pénurie de pétrole, ne concerne pas le présent mais l’avenir, c'est pourtant les acheteurs de 2008 qui sont contraints de payer l'addition. Cette surenchère ne provoquera pas le sursaut des producteurs. Comme ils ne croient pas à des cours durablement élevés, pas question pour eux de se lancer dans des programmes d’extraction qui perdront toute rentabilité, et donc toute raison d’être avec le repli des cours. Du côté de la demande, la réaction est encore timide. D’après le sondage effectué par l’Association des automobilistes américains, les familles qui ont coutume de voyager pour le week-end de trois jours qui commence demain devraient cette année restreindre leurs déplacements.

Un signal fort, mais c’est surtout des pays émergents, c’est-à-dire des régions du monde où la demande est en perpétuelle augmentation qu’on attend une réaction significative. Or, pour l’instant, seuls quelques pays ont supprimé les subventions au carburant dans l’espoir de réduire la consommation, donc leur facture pétrolière. Le plus glouton reste impavide. Confrontée au tremblement de terre et à la préparation des Jeux Olympiques la Chine ne va pas risquer de mécontenter sa population en renonçant au contrôle des prix.


par Dominique  Baillard

[23/05/2008]

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