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Chronique des matières premières

Les planteurs ivoiriens font les frais de la baisse des cours du cacao

Dominique Baillard 

		(Photo : RFI)
Dominique Baillard
(Photo : RFI)
Hier, pas une fève de cacao n’est entrée dans le port de San Pedro, assure un exportateur basé dans le deuxième port ivoirien. A 450 FCFA le kilo, c’est le prix offert par les intermédiaires, les planteurs préfèrent garder leur marchandise. Ils sont actuellement en grève. Pour livrer, ils attendent que le prix indicatif fixé au lancement officiel de la campagne à 700 FCFA soit enfin respecté.

Depuis la libéralisation, la rétention et les bisebilles autour du prix indicatif sont monnaie courante au début de la principale récolte de la fève. Mais cette année, le mouvement prend de l’ampleur parce que le prix indicatif fixé il y a trois semaines est en total décalage avec l’évolution du marché du cacao. Il est en chute libre depuis le début du mois. Au cours actuel, c'est-à-dire 1 640 euros la tonne livrable en décembre, le prix de référence n’est plus tenable, estiment les exportateurs, d’où le bras de fer avec les planteurs. Les usines de broyage tournent au ralenti et les embarquements s’espacent. Seulement 60 000 tonnes de cacao sont arrivées dans les ports contre 160 000 l’année dernière à la même époque.

En dix ans, le prix du cacao bord champ n’a guère varié mais celui du sac de riz a été multiplié par sept et celui du sac d’engrais par cinq.  Les planteurs n’en peuvent plus, compatissent les exportateurs ivoiriens. Des rives du lac Léman, où sont installés une partie des négociants, le mécontentement des planteurs n’est plus qu’un épiphénomène sur un marché totalement bouleversé par la crise mondiale. Si l’on s’en tient aux fondamentaux, le cours du cacao devrait remonter car un déficit se profile d’ici à la fin de la campagne. Mais le marché n’en n’a cure. Il ne vit plus qu'au rythme de la débâcle des finances et de l’économie. La crise du crédit frappe les plus grandes maisons. Faute de cash, des industriels demandent crédit au négoce. Faute de cash, le négoce renonce à se couvrir sur le long terme.

Le flux des affaires ralentit avec un gros point d’interrogation à l'horizon : la récession ne va-t-elle pas couper l’appétit des amateurs de chocolat ? Il faudra environ une année pour connaître la réponse. D'ici là, les cours peuvent descendre beaucoup plus bas, la grogne des planteurs ivoiriens pourrait même accentuer cette tendance à court terme, car lorsqu’ils finiront par céder leur cacao, l’abondance de l’offre pourrait faire plier les cours.


par Dominique  Baillard

[28/10/2008]

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