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Chronique de Jean-Baptiste Placca

Le charme d’une démocratie vraie

Jean-Baptiste Placca 

		(Photo : S.Bonijol/RFI)
Jean-Baptiste Placca
(Photo : S.Bonijol/RFI)
A un opposant qui réclamait, cette semaine sur RFI, des pourparlers pour garantir la transparence de la présidentielle de 2009, le ministre de la Communication du Congo Brazzaville rétorquait qu’il n’y a aucune nécessité d’un dialogue spécifique, réfutant, par la même occasion, l’idée d’une commission électorale indépendante, sous prétexte qu’il n’y en aurait ni en France ni aux Etats-Unis.

Si cette référence osée vise à persuader l’opinion de l’impartialité de l’Etat dans un Congo suffisamment démocratique pour respecter le vote des électeurs, alors, nous devons confesser avoir probablement raté trois ou quatre épisodes du feuilleton. Mais peu importe. Prétendre qu’un peu plus de dialogue peut être superflu, dans un pays où l’on prend si facilement les armes pour conquérir le pouvoir politique, est pour le moins troublant.

Au-delà du cas du Congo, les dirigeants du continent auront de plus en plus de mal à rejeter la nécessité d’un consensus sur les listes électorales et sur des scrutins libres et crédibles. Car il souffle sur le monde un vent nouveau, de l’ordre du courage et de la certitude, que l’on pourrait nommer Obama. Les populations africaines accepteront de moins en moins les élections truquées et les victoires qu’on leur vole. C’est sans doute là l'une des conséquences directes de ce que l’Amérique nous a donné de vivre, cette année. Jamais les Africains n’ont été autant convaincus que quelque chose doit changer dans la façon dont on les gouverne. Ils ont conquis le droit de ne plus se laisser faire !

Avis aux chefs d’Etat, qui décrètent que leur pays ne peut se passer d’eux, sans pouvoir dire en quoi ils sont indispensables, justement parce que rien, dans ce qu’ils apportent à leur peuple, ne justifie qu’ils s’éternisent à la tête des Etats. Avis, aussi, à ceux qui s’enrichissent avec une telle voracité qu’ils en oublient les besoins essentiels des populations, à la manière d’un Mugabe qui croit qu’une épidémie de choléra s’interrompt par décret. Avis, enfin, à ceux qui pensent que la légitimité, dans leur pays, importe moins que les puissants amis sur lesquels ils peuvent s’appuyer en Occident.

Alors, en cette période de vœux, que souhaiter à ceux des dirigeants qui ont des échéances électorales en 2009, sinon de veiller à se faire élire proprement ? Pour cela, il leur faut mériter la confiance des électeurs, en s’employant à améliorer  franchement les conditions de vie des populations, sous peine de sanction électorale. Là réside le charme d’une démocratie vraie : les médiocres ne peuvent infliger indéfiniment leur médiocrité à tout un peuple, au point de faire de leurs limites personnelles celles de tout un pays.


par Jean-Baptiste  Placca

[20/12/2008]

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