Chronique de Jean-Baptiste Placca
Quelque chose doit absolument changer en Afrique !
Au moment où démarrent, aux Etats-Unis, les festivités marquant l’investiture de Barack Obama, l’Afrique, légitimement, s’apprête à prendre sa part à la ferveur de cet événement historique. On versera sans doute encore quelques larmes de bonheur. On vibrera de fierté, parce que ce sujet brillant, qui a littéralement envoûté la planète, est aussi un Africain.
Mais l’Afrique ne peut se contenter d’être seulement fière du parcours du président élu des Etats-Unis. Elle se doit de tirer la seule leçon qui lui est destinée dans la belle histoire d’Obama : il faut impérativement former la jeunesse de ce continent, lui inculquer l’amour des études et du travail, le sérieux, la persévérance et la rigueur !
Car ce sont les études qui ont sorti le père d’Obama de son village reculé de la campagne kényane, et l’ont conduit jusqu’au temple du savoir, aux Etats-Unis. L’Amérique généreuse de Dwight Eisenhower puis de John Kennedy offrait alors aux plus méritants des lycéens d’Afrique et du reste du monde l’opportunité d’aller se former dans les meilleures universités américaines. Obama est donc, d’une certaine manière, le fruit de cette générosité.
Le jeune Barack est allé, lui aussi, étudier dans cette prestigieuse université de Harvard, dont son père a été l’un des tout premiers étudiants africains. Des dizaines d’autres ont suivi, depuis. Mais trop souvent, ceux-ci sont obligés de s’expatrier pour s’épanouir.
Quelque chose doit changer, parce que l’Afrique ne peut être indéfiniment dirigée par des gens dont le profil est aux antipodes de celui de Barack Obama, alors que, justement, le continent compte des éléments aussi bien formés, souvent aussi brillants !
Quelque chose doit changer, parce que l’Afrique, directement ou indirectement, est aussi le continent de Gandhi, de Martin Luther King et de Mandela ! Elle ne peut donc s’abandonner aux imposteurs et aux margoulins, aux putschistes et aux chefs de guerre.
Entre deux larmes d’émotion, ce mardi 20 janvier, les Africains devront décider que l’avenir de ce continent ne peut se faire avec les héros superficiels qu’on leur propose.
Mieux que les matières premières – qui n’enrichissent que quelques-uns, et toujours les mêmes –, l’avenir de l’Afrique serait plus sûrement garanti par la matière grise. Car, lorsque sera passé l’ère du despotisme – parce qu’elle passera –, lorsque seront passés les prédateurs, les corrompus et les rébellions exportatrices de pierres précieuses – parce qu’ils passeront –, lorsque les tyrans et les dictateurs auront passé ou trépassé, il faudra des hommes de qualité pour rebâtir, et c’est dès maintenant qu’il faut commencer à les former.
par Jean-Baptiste Placca
[17/01/2009]
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