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Chronique de Jean-Baptiste Placca

Un leadership visionnaire

Jean-Baptiste Placca 

		(Photo : S.Bonijol/RFI)
Jean-Baptiste Placca
(Photo : S.Bonijol/RFI)

En cette saison des vœux, il faut savoir choisir ses mots, pour ne pas heurter ceux à qui l’on voudrait théoriquement du bien. Saviez-vous que souhaiter bonheur et prospérité peut être facilement ressenti comme une provocation, dans des pays d’Afrique où ces deux notions sont à mille lieues des réalités vécues ? Votre sincérité est moins suspecte, si vous vous contentez de souhaiter la bonne santé. Il est même des peuples qui se satisferaient qu'on leur veuille moins de malheur, vous devinerez aisément lesquels.

Autant dire que l’exercice d’autosatisfaction que sont les vœux présidentiels à la nation est souvent en déphasage total avec la réalité, et d’ailleurs, les citoyens ne les écoutent que d’une oreille désabusée.

Au chef de l’Etat congolais qui se félicitait de la consolidation de la paix, de la stabilité et des avancées significatives vers le progrès et le développement, un site Internet irrévérencieux répond par ses propres vœux, en souhaitant aux Congolais un pays débarrassé de la corruption et de la concussion, dans lequel les richesses seraient partagées par tous, un Congo où l’on pourrait circuler librement, où le courant électrique serait moins… aléatoire, un Congo où le mot « santé » aurait un sens, et où les élections seraient libres et transparentes.

Ces vœux, adressés aux Congolais de Brazzaville, peuvent s’entendre tout aussi bien ailleurs sur le continent, à commencer par la RDC, dont un député dit du pouvoir actuel qu’il se comporte comme un braconnier qui devient garde-chasse, ne cachant même plus sa soif immodérée de l’argent.

Les Africains ne peuvent se contenter indéfiniment de vœux sans lendemain. D’autant que l’an prochain, la plupart des Etats auront cinquante ans, sans pouvoir tous afficher les progrès réalisés en un demi-siècle. Certains dirigeants sont même incapables de dire quel avenir ils préparent pour leur jeunesse, incapables de définir les grandes lignes de ce qu’ils voudraient voir leur pays être, dans un quart de siècle, en matière d’éducation, de santé, d’agriculture, d’infrastructures routières et dans tant d’autres domaines essentiels.

Il y a donc urgence à mener une réflexion rigoureuse sur le devenir des nations. Les gouvernements peuvent les initier ou les subir, comme les assises nationales, au Sénégal. Il s’agit de penser le futur, en définissant les étapes intermédiaires vers des objectifs clairs. Ceux des pays du continent qui s’en sortent aujourd’hui sont ceux qui ont fait ce travail stratégique depuis déjà de nombreuses années, parce qu’ils ont compris qu’il n’y a pas d’avenir pour un Etat qui se contente de voguer au gré des crises, des catastrophes naturelles, des épidémies ou des guerres civiles.

On est là au cœur de ce que l’on appelle le leadership visionnaire, et qu’il faut souhaiter à l’Afrique en cette année 2009.


par Jean-Baptiste  Placca

[03/01/2009]

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