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Chronique de Jean-Baptiste Placca

Courtisans et intrigants à la manœuvre !

Jean-Baptiste Placca 

		(Photo : S.Bonijol/RFI)
Jean-Baptiste Placca
(Photo : S.Bonijol/RFI)

A chacun sa croix ! Tandis que le Ghana ploie sous les compliments, le Niger, lui, offre le spectacle d’un bras de fer entre ceux qui voudraient voir le président Tanja prolonger son bail à la tête de l’Etat et ceux qui s’opposent fermement à toute remise en cause des dispositions constitutionnelles. A la fin de cette année 2009, le chef de l’Etat nigérien aura bouclé son second mandat. Dix ans ! Soit le maximum qu’autorise la Constitution. Ses partisans parlent d’une œuvre à parachever et mobilisent, manifestent, occupent à grands frais l’espace médiatique, pour obtenir la prolongation du règne. Face à eux, la société civile et les syndicats s’organisent pour empêcher ce qu’ils considèrent comme un recul de la démocratie. Le chef de l’Etat lui-même ne dit rien.

Et c’est bien ce qui inquiète une partie de l’opinion. Car, dans tous les pays du continent qui se sont livrés à ce jeu, c’est toujours par des manifestations d’une spontanéité suspecte que commence la mise en scène. Lorsque l’opinion aura été bien conditionnée, le président pourra alors apparaître, pour expliquer qu’il lui est impossible de résister à la volonté populaire. En avant, la présidence à vie ! De bonne source, Mamadou Tanja lui-même aurait confié à ses pairs de la Cedeao, en décembre dernier, à Abuja, qu’il n’avait aucune intention de se maintenir. Il ne devrait donc, en principe, pas aller contre la Constitution de son pays.

Le problème, en Afrique, est que le chef de l’Etat est trop souvent encerclé de gens qui désirent le voir s’incruster. Non pas tant parce qu’ils l’aiment d’un amour inextinguible, mais parce que, la plupart du temps, ils lui doivent tout et se préoccupent de leur propre avenir. La position juteuse qu’ils pourraient perdre au bord de la mangeoire, si le président venait à se retirer, passe alors avant l’intérêt général.

A force de concentrer les critiques sur le président, on en arrive à oublier tous ces courtisans et ces intrigants, nationaux comme étrangers, qui sont autrement plus dangereux pour la démocratie. Par le passé, ils ont souvent eu le dessus, en Algérie, au Cameroun, au Gabon, en Guinée, au Tchad, au Togo ou en Tunisie. Ils échouent aussi, de temps à autre, comme en Zambie, au Malawi ou, plus récemment, au Bénin et au Nigeria. Le défi, aujourd’hui, est donc de leur faire échec au Niger, en soustrayant le chef de l’Etat à l’influence de ceux qui orchestrent la spontanéité de ces foules de manifestants. Ce n’est pas le plus facile. Car les griots sont là, au réveil du chef, et ils sont encore là, tard le soir, pour éteindre les lumières, au moment où celui-ci s’endort. Mais puisque ces gens sont généralement d’une servilité sans borne, il suffirait que le président dise qu’il s’en ira pour les voir chanter, avec des arguments tout aussi convaincants, la grandeur et la lucidité de l’homme d’Etat.


par Jean-Baptiste  Placca

[10/01/2009]

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