par RFI
Article publié le 27/03/2009 Dernière mise à jour le 27/03/2009 à 13:36 TU
Lors du dîner offert à Brazzaville à l'occasion de sa venue, jeudi 26 mars 2009, Nicolas Sarkozy a rappelé qu'il trouvait « important » que l'élection présidentielle de juillet se déroule « dans la sérénité et la transparence. »
( Photo : Eric Feferberg/ Reuters )
La RDC
Le moment fort de cette visite en RDC, jugée trop courte par les hôtes du président français (voir nos précédents articles), fut indubitablement le discours de Nicolas Sarkozy devant un millier de députés et sénateurs congolais. Le chef de l'Etat n'avait pas droit à l’erreur, devant une salle qui réagissait au quart de tour, et a prononcé un discours tout en nuances.
Finie, l’idée polémique, évoquée en janvier, de partager l’espace et les richesses entre le Congo et le Rwanda ; il a plaidé plus simplement pour un marché commun des pays de la sous-région des Grands Lacs. Pour le président français, le plus important était que la France reprenne pied dans un pays où aucun président français n’avait mis les pieds depuis 25 ans.
Un important accord sur l'exploitation de l'uranium a aussi été signé entre le gouvernement de RD Congo et la société Areva, numéro un mondial de l'uranium : sa présidente, Anne Lauvergeon, parfois surnommée l’impératrice de l’atome, a obtenu du Premier ministre du Kinshasa, Adolphe Muzito, le permis d’explorer le gisement d’uranium sur toute l’étendue du territoire de la République démocratique du Congo.
Le Congo Brazzaville
C'était la deuxième étape de la tournée express du président, qui sera ce soir de retour à Paris.
A Brazzaville, il s'est prononcé pour la « rénovation de la relation franco-africaine débarrassée des pesanteurs du passé et des soupçons ».
« Ce ne sont pas des valeurs plaquées sur votre société, ce sont des valeurs africaines... Mme Konaré m'a dédié ce petit précis d'histoire africaine ... avec l'humanisme au Mali dès le XIIIe siècle. »
Le discours de Brazzaville |
« Je ne serai pas le président qui assumera des accords secrets », a lancé Nicolas Sarkozy devant les parlementaires de Brazzaville, en référence aux nouveaux accords de défense que la France est en train de signer avec ses anciennes colonies. Dans ce discours de Brazzaville, Nicolas Sarkozy s’est livré à un exercice acrobatique : d’un côté, il a expliqué que la vieille Françafrique c’était fini, mais de l’autre, il s’est défendu de vouloir liquider cette relation ancienne et fraternelle : « j’ai l’ambition de lui conférer une légitimité nouvelle », a-t-il dit. Il a même cité à un moment le petit précis d’histoire africaine que vient de publier l’historienne Adame Ba Konaré. « Cet ouvrage décrit bien l’humanisme qui existait au Mali dès le XIIIe siècle » a-t-il noté, sous-entendant : les Africains ont une histoire. Deux ans après, Nicolas Sarkozy essaie toujours de faire oublier le calamiteux discours de Dakar. |
Par ailleurs, il s'est bien gardé de rencontrer les candidats à la présidentielle du mois de juillet prochain. Il a juste reçu leurs représentants et des chefs de partis de l'opposition.
« Il dit qu'il ne soutient pas les candidats donc il ne les rencontre pas, c'est conséquent... C'est le 1er chef d'Etat français à rencontrer l'opposition congolaise et c'est un honneur pour nous »
« La France n'a pas de candidat », a martelé Nicolas Sarkozy.
« La France n'a pas à prendre parti dans une élection et la France travaillera main dans la main avec le président que les Congolais se choisiront. »
L'élection présidentielle de juillet |
Au Congo-Brazzaville, « la France travaillera main dans la main avec le président que les Congolais se choisiront », a lâché Nicolas Sarkozy hier soir devant les parlementaires, suscitant des applaudissements nourris. Visiblement, le président français ne veut pas qu’on croie qu’il vient à Brazzaville, 4 mois avant la présidentielle, pour soutenir le très probable candidat Denis Sassou Nguesso. Alors hier soir, lors d’un tête-à-tête avec son homologue congolais, il l’a encouragé à ouvrir le dialogue avec son opposition, pour mieux préparer ce scrutin. De bonne source, le message aurait été assez bien entendu. Il a aussi rencontré une délégation de l’opposition congolaise dans un hôtel de la place. Pas les principaux candidats, comme Ange Edouard Mpoungui, ou Mathias Dzon, mais 5 personnes qui les représentaient. Il les a invités à ne pas placer la barre trop haut lors du futur dialogue, afin de ne pas amener le pouvoir à claquer la porte. Lors de cette rencontre, Nicolas Sarkozy a même cité l’exemple de l’opposition sénégalaise, qui avait boycotté les législatives de 2007 en raison de listes électorales douteuses, et qui vient de gagner les municipales à Dakar et dans les grandes villes sénégalaises sur la base des mêmes listes électorales. Le discours du chef de l’Etat français était-il sincère ? En tout cas, à la sortie, les opposants semblaient avoir été convaincus par le verbe sarkozien. |
Cette petite phrase, encore : « Les Congolais ont la fortune à portée de main et pourtant, ils restent pauvres ; pardonnez-moi si je vous choque, mais comment ne pas être attristé par un tel gâchis... »
Après la RD Congo et le Congo-Brazzaville, le Niger
Le chef de l'Etat français a passé la nuit de jeudi à vendredi à Brazzaville, d'où il décollera ce matin pour se rendre au Niger, l'un des plus pauvres pays de la planète, où Nicolas Sarkozy doit s'entretenir avec le président Tandja et des dirigeants de partis politiques. Le président français est accompagné notamment d'Anne Lauvergeon, la présidente du groupe Areva, n°1 mondial de l'uranium, qui a récemment signé un contrat avec le Niger pour l'exploitation d'une mine d'uranium à Immouraren dans le nord du pays.
Depuis des années, des ONG et des syndicats nigériens fédérés dans le ROTAB dénoncent cette exploitation minière, et accusent Areva de négligence en matière de protection sanitaire et environnementale.
« Areva continue à nier le préjudice sanitaire et humain de cette exploitation... Notre objectif est que les conditions de travail, d'exploitation et la redistribution des revenus tirés de l'uranium soient justes...»
Le pacte nucléaire franco-nigérien |
Les mines d’uranium du Niger fournissent déjà 38% du combustible des centrales nucléaires françaises et ce sera 50% en 2012. D’où l’importance du partenariat franco-nigérien aux yeux de Nicolas Sarkozy, ce que l’on appelle le pacte nucléaire, et que les écologistes surnomment plus méchamment la « nucléocratie ». Il y a eu de vives tensions entre Niamey et Paris, ces deux dernières années. Le président nigérien Mamadou Tandja voulait vendre son uranium à un meilleur prix, mais finalement un accord a été trouvé. La société minière française Areva a fait un gros effort et en échange elle vient de décrocher un permis pour exploiter le site d’Imouraren, la mine la plus importante d’Afrique. L’étape nigérienne de ce vendredi midi devrait donc bien se passer. Le Niger et le Congo-Kinshasa (voir plus haut), deux pays où les sociétés françaises résistent plutôt bien à leurs concurrentes chinoises. |
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