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Sommet du G20

Comment Kadhafi a été écarté de la délégation africaine

par Jean-Karim FALL

Article publié le 01/04/2009 Dernière mise à jour le 02/04/2009 à 06:44 TU

Comme elle le réclamait, l’Afrique est mieux représentée à ce sommet qu’au précédent rendez-vous de Washington, le 15 novembre dernier, où seule l’Afrique du Sud avait été invitée. Cette fois l’Union africaine aussi est conviée, mais pas le très encombrant numéro 1 libyen Muammar Kadhafi, qui en assure la présidence tournante. Une absence qui résulte des discrètes manœuvres de ses pairs africains, embarrassés au plus haut point par les récentes déclarations du guide de la révolution libyenne.  

Mouammar Kadhafi lors du dernier sommet de l'Union Africaine en février 2009 à Addis-Abeba en Ethiopie.(Photo : Reuters)

Mouammar Kadhafi lors du dernier sommet de l'Union Africaine en février 2009 à Addis-Abeba en Ethiopie.
(Photo : Reuters)

L’accession du colonel Kadhafi à la tête de l’Union africaine avait provoqué des grincements de dents, début février, à Addis-Abeba, lors du dernier sommet de l’Union africaine. « C’est la catastrophe, vous vous rendez compte, il va nous représenter au G20 », avait lâché, dépité, un diplomate. « Ne t’inquiète pas. On va le gérer », lui avait répondu un ministre.

A peine élu,  la perspective de voir  le « roi  des rois traditionnels d’Afrique » diriger la délégation africaine à Londres avait provoqué une riposte, en séance. Le président ougandais, Yoweri Museveni, avait alors proposé à ses pairs de faire accompagner le colonel Kadhafi par deux autres chefs d’Etat. Il avait cité le président tanzanien et le Premier ministre éthiopien.

Complicité des Britanniques

Pendant trois mois, discrètement, les diplomates africains ont, en effet, « géré » le  colonel Kadhafi, avec la complicité tacite de la diplomatie britannique, et notamment Mark Malloch Brown, le monsieur Afrique du Foreign Office.

Durant cette période, les diplomates libyens ont plusieurs fois interrogé la commission de l’Union africaine pour connaitre la composition de la délégation africaine devant se rendre à Londres. La réponse des diplomates de l’UA fut la suivante : «Nous n’avons pas de réponse : ce sont les Britanniques qui invitent ».

En coulisses, entre Addis-Abeba et Londres, les négociations allaient bon train pour mettre au point le stratagème permettant de se passer du guide de la révolution libyenne, sans le froisser outre mesure. Un message est alors transmis aux diplomates britanniques. « Pour le G20, vous avez le choix entre la présidence de l’union et la présidence du NEPAD ».

Le Foreign office saute sur l’occasion et décide, avec l’aval de plusieurs capitales africaines, d’inviter  le président du NEPAD (le nouveau partenariat pour l’Afrique), le Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, ainsi que le président de la commission de l’Union africaine, le Gabonais Jean Ping.

Jean Ping

Président de la commission de l'Union africaine

« Il faut vendre une partie de l’or du FMI. La vente de cet or va nous permettre d’avoir des disponibilités supplémentaires ! »

01/04/2009 par Jean-Karim FALL


Malaise grandissant à l'Union africaine

Le tour est joué. Dimanche dernier, plusieurs diplomates de haut rang tentent de limiter la casse et de rassurer le colonel Khadafi, en visite à Addis-Abeba, au siège de l’Union africaine: « Dieu merci, vous êtes déjà invité au G8 ! ». A défaut de G20, le guide de la révolution libyenne peut se consoler avec le G8, un club encore plus restreint. Le Premier ministre italien a, en effet, invité le colonel Kadhafi, en juillet prochain en Sardaigne.

L’absence du colonel Kadhafi à Londres illustre le malaise grandissant suscité par son élection à la tête de l’Union africaine. La cohabitation entre le président en exercice et l’organisation est de plus en plus difficile. « C’est terrible », reconnaît l’un des responsables de l’UA. Sur le dossier des sanctions contre la junte au pouvoir en Mauritanie, les diplomates du conseil de paix et sécurité de l’UA ont, d’ailleurs, récemment envoyé un camouflet au colonel Kadhafi. Ils ont confirmé le principe des sanctions contre les putschistes de Nouakchott auxquelles s’oppose le guide de la révolution libyenne.