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Centenaire

Zola au Panthéon, deuxième !

par Elisabeth Bouvet

Article publié le 16/06/2008 Dernière mise à jour le 16/06/2008 à 13:21 TU

© Musée Dreyfus-Médan

© Musée Dreyfus-Médan

Il y a un siècle, le 4 juin 1908, Emile Zola entrait au Panthéon rejoindre tous ces grands hommes auxquels la patrie se montre reconnaissante. Pour marquer cet anniversaire, plus que pour fêter cet événement, la crypte accueille une exposition qui retrace les différentes étapes d’une panthéonisation tout sauf consensuelle. « On a oublié la violence qui a entouré l’année 1908 », commente Alain Pagès, commissaire de l’exposition : « On connait bien toute l’histoire qui entoure l’Affaire Dreyfus depuis l’engagement de Zola et son fameux ‘J’accuse’ publié le 13 janvier 1898 jusqu’à la réhabilitation du capitaine Dreyfus en juillet 1906 et la décision, prise le lendemain, de transférer les cendres de l’écrivain au Panthéon. En revanche, poursuit Alain Pagès, on ignore que cette panthéonisation a durablement divisé l’opinion française. Et c’est cela que nous montrons avec des documents inédits ».

© Musée Zola-Médan

© Musée Zola-Médan

Installée dans la crypte, autrement dit dans un espace aux dimensions modestes, l’exposition Zola au Panthéon se présente comme une déambulation au long d’une rue avec bancs pour s’asseoir et lire les documents réunis autour de quatre chapitres : « La demeure de Médan » où Zola s’installe en 1878, c’est là qu’il écrira la grande saga des Rougon-Macquart ; « L’Aurore », le quotidien où sera publié l’article qui relancera l’affaire Dreyfus ; « Le temps des débats » dans un décor d’un café où chacun discute de l’affaire. Pendant deux ans, nous dit-on, la France littéralement suspendue aux rebondissements incessants de l’affaire Dreyfus, n’a pour ainsi pas lu de romans, trouvant dans la presse de quoi satisfaire son goût du romanesque ; dernier lieu, « L’Assemblée nationale et le Sénat » où les députés Jean Jaurès, pour les socialistes, et Maurice Barrès, au nom de la droite nationaliste, s’opposeront violemment le 19 mars 1908 au moment du vote de la loi portant sur la cérémonie de la panthéonisation. Des extraits de leur passe d’armes sont d’ailleurs lisibles tout comme sont visibles, pour la première fois, les photographies de la cérémonie organisée en avril 1908 par la municipalité de Suresnes pour rendre un hommage solennel à Emile Zola, « de crainte que la panthéonisation ne se fasse en catimini ». Ce qui, ajoute Alain Pagès, sera « en partie le cas. Le cortège partira tôt le matin, le président Clémenceau qui devait faire un discours ne prendra finalement pas la parole. Quant à Alfred Dreyfus, relégué en queue de cortège, il sera victime d’un attentat par balles, blessé sans gravité par le journaliste Grégori. Il s’agira là du dernier acte de violence de l’affaire Dreyfus. Mais il faut se souvenir que ce jour-là, le 4 juin  1908, la rue est encore majoritairement nationaliste ». Et du reste, plus de 300 personnes seront arrêtées lors de cette panthéonisation singulièrement houleuse.

Depuis cette affaire, les deux familles Dreyfus et Zola sont restées très liées. Les deux arrières-petites filles des deux hommes, Martine Leblond-Zola et Yael Perl-Ruiz étaient d’ailleurs présentes au vernissage de cette exposition. Un musée Dreyfus devrait même ouvrir ses portes dans le parc de la propriété de Médan, transformée en maison d’écrivain, en 2009. En attendant, Zola au Panthéon est à visiter jusqu’au 31 octobre.

(Photo : Elisabeth Bouvet/ RFI)

(Photo : Elisabeth Bouvet/ RFI)