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Photographie

L’album recto-verso d’Annie Leibovitz

par Elisabeth Bouvet

Article publié le 07/07/2008 Dernière mise à jour le 07/07/2008 à 17:20 TU

Mes parents, Peter’s Pond Beach, Wainscott, Long Island, 1992.© Annie Leibovitz/ Contact Press Images

Mes parents, Peter’s Pond Beach, Wainscott, Long Island, 1992.
© Annie Leibovitz/ Contact Press Images

Deux étages de la MEP, à Paris, dédiés à la photographe américaine née en 1949, comme les deux facettes de son travail. Nulle hiérarchie en effet parmi les 197 clichés exposés qui mêlent portraits de stars et scènes familiales, qui mélangent les deux sphères a priori distinctes et irréconciliables que sont les œuvres de commande et les photographies personnels. Annie Leibovitz, a photographer’s life, 1990-2005 est le titre tout indiqué de cette rétrospective à parcourir voire feuilleter comme l’album d’une vie. Aux côtés des Robert de Niro, Brad Pitt, Demi Moore - célèbre image où l’on voit l’actrice enceinte de 7 mois et nue -, Bill Clinton ou encore Patti Smith, le visiteur croise donc les parents de la photographe, ses sœurs et frère, ses 3 filles et surtout l’écrivain Susan Sontag qui fut la compagne d’Annie Leibovitz jusqu’à sa disparition en 2005.

Privé/Public… La Maison européenne de la photographie a pris le parti du melting-pot, donnant ainsi une égale importance aux deux versants d’un seul et même œuvre comme en témoigne les grands panneaux où ont été épinglées, en petit format, et selon un classement purement chronologique, les différentes photographies prises année après année. D’un côté, les clichés glamour des stars et des dirigeants, de l’autre les instantanés de l’album familial marqué par les baignades en mer, les voyages, les naissances et très vite par la maladie et la douleur qu’il s’agisse de son père et surtout de Susan Sontag dont on suit ainsi l’agonie jusqu’à cette dernière et saisissante image prise aux pompes funèbres. Ensoleillés ou sombres, les clichés d’Annie Leibovitz s’intéressent toujours aux gens, très rarement aux paysages, « ces lieux sans thèmes » comme elle les appelle, vers lesquels néanmoins elle se tourne peu à peu. 

Patti Smith et ses enfants, Jackson et Jesse. St. Clair Shores, Michigan, 1996.© Annie Leibovitz/ Contact Press Images

Patti Smith et ses enfants, Jackson et Jesse. St. Clair Shores, Michigan, 1996.
© Annie Leibovitz/ Contact Press Images

De sa collaboration au Rolling Stone où elle débute en 1970 et pour lequel elle signera 142 couvertures avant de rejoindre un autre magazine de légende, Vanity Fair, en 1983, puis Vogue, en 1998, à ses photographies en noir et blanc de Monument Valley sans oublier ses images du siège de Sarajevo où elle se rend en 1993, le même style sophistiqué et sans esbroufe. Que l’on songe aux portraits de Richard Avedon (autre grand photographe à l’honneur, par ailleurs, de cet été parisien), d’Al Pacino ou de la reine Elizabeth II d’Angleterre, une même griffe classique et éminemment respectueuse du modèle. Peu de notes acidulées. N’était l’image consacrée au milliardaire Donald Trump que l’on voit assis au volant d’un bolide tandis que sa fiancée, enceinte, gravit, en bikini, les marches d’un avion privé, ces quinze années de travail sont davantage marquées par une forme de simplicité. Et c’est probablement pour cette raison que vedettes et parents proches peuvent si bien cohabiter, sans que ni les uns ni les autres ne pâtissent, d’une manière ou d’une autre, de cette promiscuité. A découvrir jusqu’au 14 septembre.

Susan Sontag, Quai des Grands-Augustins, Paris, 2003
© Annie Leibovitz/ Contact Press Images

Susan Sontag, Quai des Grands-Augustins, Paris, 2003
© Annie Leibovitz/ Contact Press Images