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Exposition

1968-2008 : voyage dans l’art italien contemporain

par Elisabeth Bouvet

Article publié le 08/12/2008 Dernière mise à jour le 08/12/2008 à 17:41 TU

<u></u><em>Sans titre</em>, Paola Pivi (2005).(Photo : Hugo Giendinning/ Galleria Massimo de Carlo)

Sans titre, Paola Pivi (2005).
(Photo : Hugo Giendinning/ Galleria Massimo de Carlo)

Que connait-on de l’art contemporain italien ? Exception faite de l’Arte Povera qui a franchi les frontières de la péninsule avec le succès que l’on sait et de quelques individualités comme le peintre Lucio Fontana, celui qui a littéralement poignardé l’art moderne, le photographe Gabriele Basilico, le nouveau réaliste Mimmo Rotello ou, plus près de nous, le plasticien Maurizio Cattelan, rares sont les artistes italiens de ces dernières années à se retrouver sur le devant de la scène, comme si la création contemporaine s’était faite sans les Italiens.

Le Palazzo Grassi, à Venise, entend faire la preuve que la scène transalpine fut plus vaste, plus éclatée qu'on ne le pense a priori. Un dynamisme, une variété qui se retrouvent dans l’intitulé au pluriel de l’exposition : Italics, Art italien entre tradition et révolution 1968-2008. Du rez-de-chaussée au second étage… Le visiteur est invité à une immersion complète dans la création de ces quarante dernières années tant en peinture qu’en sculpture, photographie et vidéo. Un vaste panorama qui part donc de cette date-anniversaire à partir de laquelle l’Italie, à l’instar de nombre de pays dans le monde, a basculé dans une ère nouvelle, ce dont les artistes se font bien sûr l’écho. Beaucoup d’œuvres militantes en effet, rappelant que la France ne fut pas la seule à ériger des barricades et réclamer une nouvelle gouvernance, bientôt suivies de réalisations désenchantées sur l’engagement politique. Le tout rehaussé par les spécificités italiennes inhérentes notamment à la Mafia avec les clichés « choc » de Letizia Battaglia rapportés de Sicile et aux Brigades Rouges : images, toiles qui donnent à voir le climat de violence qui régnait durant les années 1970 et 1980, du nord au sud du pays. Viendront ensuite les « années fric » et une critique en règle, au fur et à mesure que les idéologies se délitent, de la montée en puissance du consumérisme, aux dépens d’ailleurs de la culture. Une absence de véritable politique culturelle jusqu'à encore très récemment qui expliquerait, outre cette attention trop marquée aux questions nationales, la disparition des artistes italiens de la scène internationale.   

<em>Les funérailles de Togliatti</em>, Renato Guttuso (1972).(Collection MAMbo)

Les funérailles de Togliatti, Renato Guttuso (1972).
(Collection MAMbo)

Deux générations d’artistes se côtoient donc à la faveur de cette rétrospective qui fait également la part belle à des formes plus conceptuelles à l’image des installations d’un Patrick Tuttofuoco. Et si la virulence des « anciens » - ou du moins, leur capacité à dénoncer et s’engager - dans le sillage des Mario Merz, Pino Pascali et autres Alighiero Boetti semblent s’être perdue au fil des décennies, la nouvelle génération n’en défend pas moins son point de vue sur le monde, en rendant même parfois hommage aux aînés. Ainsi de ce couloir où le travail de la jeune Paola Pivi fait face à celui de Gabriele Basilico dans un « fesse à fesse » plutôt drôle. Ce sont au total une centaine de noms que le public est amené à découvrir, des connus bien sûr depuis l’incontournable Alberto Burri au fringant représentant de l’avant-garde qu’est Francesco Vezzoli, mais également des moins connus dans une espèce d’hommage imaginaire à ce qu’aurait pu être la création contemporaine italienne si, peut-être moins dépendante de son histoire et plus soutenue par les pouvoirs publics, elle s’était davantage ouverte au monde. Italics est à découvrir à Venise jusqu’au 22 mars.   

<em>Walkaround</em>, Patrick Tuttofuoco (2002)(Collection privée)

Walkaround, Patrick Tuttofuoco (2002)
(Collection privée)